"La vie est entre leur main, la mort est dans leur esprit"
Avez-vous déjà voté ? Bien sûr que oui. Il s'agit d'un devoir civique qui ne faut pas prendre à légère. Moi je vote toujours (sauf aux élections présidentiels où là j'ai préféré voter blanc). Si je parle de ça est le faite que maintenant, de moins en moins de personne n'imagine pas l'ampleur de la responsabilité de choisir une personne qui va nous diriger, ou un texte qui sera déterminant pour notre avenir (en même temps, faire un référendum sur la constitution européenne que personnellement je n'en ai pas vu la couleur ou voter pour le quinquennat, moyen). Du coup, imaginez qu'un jour on nous convoque pour devenir juré d'un tribunal (ce qui est arrivé à mon grand-père), dans un contexte où la peine de mort n'est pas abolie ? Oui, dit comme ça on ne mesure pas le pouvoir, ni la charge qu'on a. Et c'est ce que Sydnet Lumet et Henri Fonda nous indique dans le premier film du réalisateur. Un film malgré l'intrigue très simple se révèle riche, puissant et incroyable.
Premier film de Sydnet Lumet
Je connais assez mal Sydnet Lumet. Oui, le seul film et encore que je connais du réalisateur de Serpico est le Crime de l'Orient Express (dont je recommande le remake injustement boudé). Premier fait d'arme d'un film produit par Henri Fonda qu'on en présente plus qui a eu la tache de faire un huis clos d'1 h 30 qui tient la route. Dit comme ça, cela paraît difficile mais le cinéaste accompli la tache de leur rendre très intéressant. Bien sûr le jeu des acteurs y est pour beaucoup mais par delà de ça, il utilise vraiment bien les cadres afin de ressentir l'intensité de l'instant.
Ma scène préférée est la confrontation du juré n°10 qui dévoile vraiment tout son arrière pensée et son mépris des jeunesses de ses quartiers, faisant des généralités. La caméra recule et montre par la mise en scène le fait qu'il a perdu le respect de ses pairs
Du coup, malgré le format imposé, il arrive à ressentir l'intensité des moments malgré le nombre de pièces très réduites. De plus, le film se focalise sur les propositions de chacun des jurés et l'enquête faisons en sorte qu'on puisse imaginer les scènes sans faire de flash - back. Le but ici est de capter comment les personnages arrivent à retranscrire les événements. De plus les plans sont ici resserrés au niveau du visage ou laisse entrevoir 2 personnages afin de montrer un échange entre eux. De plus, le film pose aussi des plans séquences très inspirées et vraiment bien utilisés, surtout au niveau des votes. Parlons des personnages qui s'ils ne sont pas tous exploités mais quand même intéressant.
12 hommes mènent l'enquête
Le film se focalise sur 12 personnages en minimisant les autres comme le juge et l'accusé. Ici on se focalise uniquement sur les jurés.
Le plus mis en avant est le juré n°8 joué par Henry Fonda. C'est le personnage principal et le seul à s'opposer au vote commun. En effet, là où plusieurs semblent prendre leur devoir à la légère et sans équivoques, lui préfère réfléchir aux éléments de l'enquêtes et si au début, son action est plus par pitié, il va vite se rendre compte des failles de l'enquêtes.
L'autre personnage important est son principal opposant est le juré n°3 (Lee J. Cobb). C'est une personne très sanguin et persuadé de la culpabilité de l'accusé. Le fait qu'il soit un enfant fait qu'il se montre bien plus sévère envers lui, comme il est envers son propre fils. Il sera le plus obtus des jurés et le moins ouvert d'esprit.
Les autres jurés ont des rôles plus secondaires mais certains ont une bonne présence. Le juré n°9 (Joseph Sweeney ) est le plus ancien des jurés et le premier à se rallier au juré n°8. Son grand âge fait qu'il est relativement respecté par ses paires, mise à part une scène où le se fait manquer de respect par le n°3
Le juré n°7 (Jack Warden) est le personnage qui n'éprouve aucun intérêt envers l'affaire. Il est sarcastique caustique et veut à tout prix que le débat soit écourter. C'est un peu le comic-relief du groupe et le plus cool, mais franchement le moins respectueux et qu'il a tendance à exaspérer l'auditoire. MAis c'est aussi le plus assumé du groupe. Il assume le fait qu'il n'a pas sa place parmi les jurés.
Le juré n°5 ( Jack Klugman) est lui aussi intéressant, bien qu'il est assez surprenant qu'il est voté coupable. Ayant grandi dans les quartiers difficiles, il apporte lui aussi son expertise sur l'arme du crime et la psychologie des personnes ayant grandi dans les quartiers défavorisés.
Le juré n°10 (Ed Begley) est la seconde personne la plus vieille du groupe. Mais est la personne qui possède le plus de préjugé envers l'accusé. Au point que cela se retourne contre lui (dans la célèbre scène magistrale)
Les autres jurés sont peu mémorables mais interviennent quand même à des moments clefs de l'intrigue. Le n°4 (E. G. Marshall) est le plus pragmatique malgré sa condescendance, le n°6 (Ed Binns) intervient surtout pour pondérer les hardeurs du n°3, le n°1 (Martin Balsam ) est celui qui fait figure de personne neutre et semble dirigée le débat en dépits des fortes personnalités, le n°2 (John Fiedler) n'est pas très présent mais est un bon soutient, le n°11 (Jiří Voskovec) est le plus éthique et devant l'évidence des faits se range du coté du n°8, et le n°12 (Robert Webber) le plus incertain.
A qui profite le jugement ?
Le film au court des 1 h 35 est l'exemple typique du huis-clos/débat. En effet, à cause d'un doute et du fait qu'il faut que les jurés soient tous d'accord, le film maintient en halène. Dès le début, il installe un contexte défavorable à leurs jugements : le fait que tous ne semblent pas investis que ça, le matche de base-ball que personne ne veut rater, la condescendance de certains d'entre eux, le faite que tout apparemment tout colle pour que l'accusé soit coupable, la chaleur ambiant. Tout est réuni pour que le jugement soit pris hâtivement sans aucun recul. De même, chaque juré a des motivations et des fonctions précisent pour faire infléchir le jugement d'un coté ou de l'autre. Le n°8 étant un architecte a naturellement une meilleur vision d'ensemble. Le n°5 venant des bas quartiers à l'expérience de comment les personnes agissent. Evidemment, rien est simple car le n°3 et le n°10 ont des avis arrêté qui ne veulent pas remettre en question, des avis dépendants de leurs caractères et de leurs préjugés
: En un sens, dès le départ les dés sont faussés pour le n°3 sachant qu'on le présente comme père d'un garçon dont il en a fait selon lui un homme
Cette affaire fait aussi tomber le masque de chacun d'entre eux, l'architecte, discret s'improvise un grand enquêteur, les préjugés du n°10 le décrédibilise aux yeux des autres, le n°7 qui ne pense qu'au match et qui se soucie peu de l'affaire voit qu'un camp flanche par rapport à un autre et que dire du n°3 qui est vraiment sanguin et qui à la fin dévoile tout ce qu'il ressent
A savoir qui voit en l'accusé une incarnation possible de son fils et qui ne veut pas qu'il s'en tire à si bon compte.
Cependant, dans tout ça, il y a une donné dont on ne saura jamais : la vérité. Tout le film ne dit pas si le n°8 avait raison ou tort, mais es-ce que l'affaire a bien été menée compte tenue des éléments. Car ce que les jurés avaient oublié est qu'ils allaient sans doute condamner un jeune possiblement à tort. C'est même effrayant car on oublie parfois que dans certains cas, on ne mesure pas l'importance du pouvoir qu'on a entre les mains. Imaginons que nous nous retrouvons à leur place, comment réagirions nous. En France, on ne peut plus condamner à mort, mais on peut être appeler à envoyer des accusés en prison. Et c'est aussi valable pour la critique. Nos décisions ne sont parfois pas si anodines que ça et c'est ce que le film démontre au delà du faite que l'accusé soit coupable ou non.
Un film culte au calme
Le premier film de Sydnet Lumet est une oeuvre incroyable malgré le concept même qui ne donne pas tant que ça de libertés créatives. C'est un film à voir tant il est puissant. Depuis, il a eu un remake signé William Friedkin et pas mal de références, comme dans la série Monk où c'est cette fois le détective Adrien qui se retrouve à la place du juré n°8 ou les Simpsons avec Homer parmi les jurés. Il y aura-t-il un second remake ? C'est peu probable !