"Down in the Valley" est le genre de films que j’adore, il contient tout les ingrédients du genre de films que j’adore : moments intenses, scènes de drames, personnages parfaitement tailles, scènes humoristiques, des interprètes impeccables, des BO qui collent avec l’ambiance du film.


Evan Rachel Wood interprète dans ce film très original, un personnage très proche de celui incarnée dans "thirteen" deux ans plus tôt, elle interprète un personnage donc très dense, réaliste et compliqué, avec une justesse étonnante.
On retrouve surtout au début beaucoup de Tracy de "thirteen", ce cote hors-limites ou l’incommunicabilité avec ses parents, une des premières scènes de "Down in the Valley" est très similaire à une scène de "thirteen" : même hystérie entre parents et enfants.
Dans "thirteen", c’était Holly Hunter, la maman mais elle n’avait pas grande poigne, la : c’est le contraire, c’est le mastoc David Morse, qui a une très grosse poigne, certaines scènes sont très violentes et réalistes. Ce père qui est violent (pourquoi ? Le film ne l’explique pas) avec ses enfants, s’emportant dans des crises de colère et de violence : le réalisme avec lequel le réalisateur a montré est si juste que ça m’as fait pleurer, j’ai vécu moi-même plusieurs scènes identiques... Dès le début, la jeune fille incarnée fort bien par Evan Rachel Wood (qui arrive direct dans mes actrices fétiches : il y a plus besoin de le confirmer), elle ne s’entend pas avec son père, qui est policier, elle doit s’occuper de son petit frère (Rory Culkin, très bon et sobre) et ils errent la où ils habitent : en Californie. Le film, exclusivement tourné en décors réels, nous montre le frère et la sœur errant dans ce coin. Le petit frère as peur du noir, il est traumatisé mais le film, à l’instar de la violence de son père, ne nous explique rien, seul sa sœur s’occupe de lui.


Loin des relations caricaturales de petits frères casse-pieds a grandes sœurs indépendantes montrées maintes fois dans les séries, là, des le début, ils semblent solidaires, tout deux victimes de leur père. C’est les vacances et Tobe, jeune adolescente (dont on ignore l'âge) s’ennuie, elle traîne avec ses amis, partent à la plage et croisent un type avec un chapeau de cow-boy bossant a une station essence et suffit d’un regard pour que Tobe se prenne d’affection pour Harlan, ce pompiste un peu bizarre. C’est le début d’une relation intense, David Jacobson ne sait pas tourner les scènes de sexe, la seule qu’il nous montre vraiment n’est pas crédible (et Edward Norton visiblement pas très à l’aise) mais envoie dès le début une grande intensité dans cette relation, le temps d’une scène, on pense à "Lost in translation" de Sofia Coppola, Harlan (Edward Norton impeccable) se retrouve dans une boite de nuits entouré de jeunes et tente de vivre le moment présent. Jacobson crée cette relation, en saisit les moments les plus intenses assez vite avant d’obliquer vers le drame. Le film n’est jamais totalement noir, il est ironique mais il demeure réaliste, assume ses personnages et les colle dans une réalité très contemporaine.


C’est pour ça que j’aime ce genre de films, on ignore ce qui va tomber d’une scène a l’autre, Jacobson consacre une bonne partie de son film au personnage d’Harlan au risque de laisser tomber celui de Tobe comme la partie qui précède le final. Harlan est un type étrange, très simplet, ainsi, après avoir baiser avec Tobe, il dit : "C’est pas vraiment une bonne façon de faire connaissance.", Tobe éclate de rire, car Harlan ne sait pas trop ce qu’il dit, se prends pour quelqu’un d’autre, ce n’est pas un manipulateur, il ne fait chanter personne pour obtenir ce qu’il veut, au contraire, c’est lui, un type simple d’esprit qui semble se faire abuser par tout le monde, Edward Norton le rends formidablement bien.


On ignore si c’est un pervers, mais de la façon dont il regarde Tobe la première fois, ça semble le suggérer mais Tobe est une adolescente, elle aussi différente, un peu "à part" : extravertie qui décide d’être une ado plutôt ordinaire, elle semble être une adolescente ordinaire, portée par le sexe et la drogue : en gros une jeune fille du 21 eme siècle.


Le fait que les deux personnages principaux aient une grande différence d'âge (on ignore quels âges ils ont mais on se fit a l'âge de leurs interprètes : Evan Rachel Wood 16 ou 17 ans lors du tournage et Edward Norton 34 ou 35 ans lors du tournage) n’est suggéré qu’à deux répliques, ainsi le père de Tobe lui dit que c’est illégal d’être en compagnie d’une mineure, plus tard il insinue qu’il est un pervers, ce qu’Harlan nie.


Harlan est visiblement simple d’esprit, il n’as aucune intention malsaine envers Tobe, il ne fait pas semblant d’être stupide, il l’est, si on peut le comparer à un autre personnage de cinéma : ce serait Forrest Gump, il y a cette même simplicité qui les rends attachants, en dépit de ce que peut faire Harlan (se taper une jeune fille qui as la moitie de son âge, mais même ça, Edward Norton l’efface suffisamment pour rester attachant).


Le film long de près d’une heure cinquante peut paraître un peu lent, comme tous les grands films qui racontent une belle histoire. Assez manichéiste et prévisible, celle de "Down in the Valley" marque par sa puissance qui est progressif. Le réalisateur refuse la facilité, prends plaisir a filmer les décors (un générique de début très réussi notamment), alterne parfois plans sur les décors et sur les personnages, au début le film semble être le genre de film indé se contemplant dans son américanisme puis laisse tisser une toile de blessures (plus physiques que psychologiques, peut-être est ce pour cela que le film a été interdit aux moins de 12 ans en salles), de personnages, de scènes de plus en plus intenses.


Quand le film entre dans le drame pur et dur, il vous sert le cœur jusqu’au bout. C’est un aller simple pour l’enfer pour Harlan en se pointant dans cette petite ville, on le voit débarquer, pour lui (comme pour son réalisateur), cet endroit et surtout la vallée semble être remplie de symbolisme : il veut être un cow-boy, il a des vrais revolvers, s’achète ou vole des choses adéquates, vole même un cheval, le temps d’une scène assez légère qui tourne au drame, s’y connaît fort bien sur comment être un cow-boy, fait référence a des cow-boys célèbres comme le plus célèbre : Billy the Kid, rencontre cette jeune fille dont il tombe éperdument amoureux, il enchaîne les demeures temporaires et puis il devient un cow-boy, puis il pourrait devenir dangereux.


Mais Harlan n’est pas quelqu’un de dangereux, pourtant en s’envoyant en l’air avec cette jeune fille victime d’un père abusif


, il va perdre la vie. On pourrait dire alors que l’amour tue, mais ironiquement ça sera le cas.


Pour son budget de huit millions de dollars, "Down in the Valley" ose mêler le teen-movie au western, il fallait oser : un western contemporain mais pas comme la série "Justified" par exemple ou toutes ces séries avec des shérifs, non le film rends hommage au far-west directement, a travers son personnage principal, ses décors et prends le teen-movie mais en enlève les règles : on se fiche un peu que Tobe soit une adolescente : elle n’est pas vraiment superficielle, ne va pas en cours (c’est les vacances), mène sa propre vie ou tente de mener sa propre vie : elle voudrait échapper à ce père très pugnace mais en même temps ne veut pas changer de vie, ne rêve pas d’autre chose.


Rien que le pitch avait de quoi faire rire et pourtant le film est plus complexe et dense que cela, mélangeant toujours avec une certaine efficacité, le teen-movie, la comédie sentimentale, le western et le drame ainsi qu’une dose de polar, le film se rapproche de quelque chose de rural, loin des banlieues pavillonnaires, "Down in the Valley" décrit plutôt un endroit dans le monde "à part", dans cet endroit si spécial, si symbolique, il s’y passe des choses, le réalisateur invente sa propre histoire poignante et percutante. Il livre une mise en scène classique, parfois originale et a la fois précise (ce qui est rare) ou chaque plan semble parfaitement découper, le storyboardeur a du se déchaîner, tout est dans la précision avec laquelle, la mise en scène as été faite.


Mais il aurait pu, pour rajouter du réalisme, cadré a l’épaule dans les scènes de sexe et de violence, au lieu de cela il prends un point de vue subjectif. Le film a l’intelligence de ne pas faire référence a l'"amour impossible". comme si le téléspectateur pouvait accepter sans mal qu’un type de 35 ans se tape une gosse de 16 ans. Mais Edward Norton, visage juvénile, les porte plutôt bien, ainsi dans une scène filmée dans un bus, on voit notre couple, l’un assis à coté de l’autre, la jeune fille et le type adulte chapeau sur la tète, les yeux remplis d’innocence des deux, détachées de ce monde, ils se sont bien trouvés finalement.


C’est ce que j’ai apprécier dans ce film : mettre en scène des personnages qui me ressemblent, je suis parfois un peu simplet comme Harlan, extravertie comme Tobe et j’ai une profonde violence en moi aussi comme Tobe et son père, et comme le frère de Tobe : j’ai connu la violence déjà tout jeune. Il y a des tas de zones d’ombres sur ce film, outre le pourquoi sont-ils comme ça pour les personnages ? Mais où est la mère de Tobe ? Le père de Tobe sort avec une femme mais on comprends que ce n’est pas sa mère. Dès le début, on sent aussi que Tobe et son frère n’aiment pas plus que cela leur père, ils l’appellent par son prénom, on pense que c’est un père adoptif mais c’est leur vrai père, mais qu’est ce qui s’est passé entre eux pour qu’il y ai ce fossé ?


Seulement le deuil d’une mère disparue (il n’est jamais rien dit sur la mère) où le réalisateur voudrait nous dire que c’est comme ça quand il n’y aucune présence maternelle.


On note plusieurs scènes, par exemple après une dispute avec son père, Tobe s’en va dans la rue, sous la pluie, elle regarde le ciel (Evan Rachel Wood est magnifique dans cette scène) et puis s’arrête devant un café ou Harlan vient, dans une scène rempli d’innocence, remplir le trou d’un beignet, en silence. Il la voit, a travers, il la recueille et puis on pense que la scène va prendre un tournant positif, mièvre,


ça tourne mal et Tobe dit qu’elle veut prendre de la distance et s’en va, Harlan refuse mais à sa manière, le fera,


Le film, porté par des interprètes irréprochables, en plus d’Evan Rachel Wood qui trouve un rôle plutôt complet et fait preuve de nouveau après "thirteen" de son Naturel qui semble être une ou sa marque de fabrique, Edward Norton, comme je l’ai dis impeccable mais aussi un peu surprenant si on ne connaît pas trop l’acteur et il est peu connu pour des prestations comiques, Rory Culkin, quinze ans lors du tournage (son personnage en as treize), plus juvénile et mature qu’il n’y parait (et le réalisateur s’amuse de son apparence physique), David Morse dans un nouveau rôle détestable (je l’ai vu dans "Dr. House" et "16 Blocs" ou c’est un pourri mais dans "La ligne verte", il est pour une fois positif) et des seconds rôles comme John Diehl, le célèbre Bruce Dern mais aussi le plaisir de retrouver Kat Dennings (que je connais de "Raising Dad"), rôles quasiment sans parole mais ou leurs présences semblent suffire, mais aussi porter par des bandes-originales efficaces et de grande qualité, plaçant souvent de l’ambiance comme si le réalisateur savait exactement ou les mettre et nous faire découvrir le chanteur Peter Salett qui berce le film de ses chansons folk, ce film profondément ancré dans son Amérique (c’est d’ailleurs étonnant qu’il soit sorti chez nous) rurale mais aussi par la VF portée par un casting aussi prestigieux qu’irréprochable : Damien Boisseau (comédien de doublage attitré d’Edward Norton depuis ses débuts) rends merveilleusement bien la simplicité d’esprit de son personnage ; Karine Foviau qui double Evan Rachel Wood, est aussi étonnante, elle colle plutôt bien au personnage, a sa spontanéité ; Philippe Peythieu qui double David Morse et nous as habitués à doubler des personnages positifs surprends en livrant une très jolie performance vocale, jouant sur la colère de son interprète anglophone et y réussit fort bien, le jeune comédien qui double Rory Culkin est un familier et sa voix nous est agréable.


"Down in the Valley" est un de ces drames intenses et un peu immoraux sur les bords, légers et a la fois réalistes qui laissent une empreinte en nous. Un film que je ne pense pas oublier.

Derrick528
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le 7 août 2021

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