Voilà un film de genre simple comme bonjour : Des jeunes en voiture sur une route paumée au milieu de nulle part, un sniper les prend pour cibles, c'est parti pour 1h30 de tir au pigeon.
Simple, certes, mais rudement bien mené.
J'ai remarqué que le commentaire qui revenait le plus souvent sur le film était le jeu d'acteurs. Oui, ils sont clairement dans le surjeu, mais il faut comprendre par là que le film est dirigé par réalisateur japonais, et le cinéma du pays du sushi est réputé pour son jeu très exubérant, hérité du théâtre kabuki. Les acteurs surjouent les émotions, ce qui peut être assez gênant pour un occidental habitué à des performances plus sobres, donc je comprends la critique. D'autant plus que là, le casting est presque exclusivement occidental, et voir des acteurs occidentaux dirigés par un réalisateur japonais, ça donne moins l'impression d'un acting émotif que d'un surjeu pur et simple. Personnellement, ça m'a un peu dérangé au début, mais je m'y suis fait.
Pour le reste..
La vache, ce film est sacrement bien mis en scène, y'a des mouvements de caméra très bien pensés, une vraie recherche dans la manière de filmer l'action ! Le réalisateur arrive à créer une tension incroyable, il parvient très rapidement à poser toute la menace du tueur par les 2 premières morts du film, très graphiques et incroyablement bien fichues ! Les maquillages sont très impressionnants, Kitamura semble avoir une véritable obsession sur la mutilation des corps et sur l'hémoglobine, ça crée une ambiance malsaine et organique, à chaque balle tirée, on ressent l'impact et la déchirure des tissus. Le film pue le sang, la chair en putréfaction et la poudre à canon. A chaque fois qu'un personnage est à découvert, on craint la balle qui va arriver pour lui arracher un morceau du corps. Et cette chaleur insupportable, et cette sensation d'impasse constante d'où les personnages n'arrivent jamais à se sortir. Et le tueur, même si on ne le voit quasiment jamais, a quand même une certaine aura, notamment son apparition finale qui lui donne un coté quasi-spectral, comme une créature des ténèbres surgissant de sa tanière, c'était très sympa.
Je relèverai également cette superbe scène d'accident. J'ai l'impression qu'elle a réellement été tournée sur le vif, pas d'artifices par ordinateur.
J'ai une petite réserve sur la fin. Pas sur le face-à-face final, qui est bien, mais par la manière dont elle se déroule, notamment le moment où l'un des personnages fait preuve d'une subite lâcheté. Ça ne marche pas car ça n'est absolument pas raccord avec ce que l'on nous avait montré du personnage en question jusqu'à présent. J'admire toutefois le jusqu’au-boutisme totale du réalisateur. Le film démarre par la violence et finit par la violence, peu importe le prix à payer.
Downrange est un énorme trip sanglant, un huis-clos à ciel ouvert tout en tension, qui personnellement m'a maintenu dans un état de stress total durant les 10 dernières minutes.
Une série B simple, mais efficace en somme.