On n'arrête plus le progrès, les amis... Saviez-vous, par exemple, qu'on a réussi à programmer une intelligence artificielle pour composer de la musique en mode random ? Excès de fainéantise ? Bien sûr que non, les enfants ! On nous vend l'idée que ce n'est qu'un outil d'aide à la création, pour permettre aux "artistes" qui l'utiliseront " d'explorer des nouvelles pistes"... Mouais. Et que ce ne sera pas pire que ce que l'on nous déverse actuellement sur les ondes... A voir.
Ce que l'on ne vous a sans doute pas dit, c'est que l'industrie du cinéma s'en est déjà emparée, du bidule. Et surtout, qu'elle en fait déjà usage.
Le résultat ? Cela s'appelle Downsizing. De manière décevante, tellement la bande annonce promettait autre chose.
C'est comme si Alexander Payne avait une très bonne idée de départ, qui tenait sur quelques lignes, qu'il avait enfoncé la feuille de son calepin dans le bidule pour que la machine se charge de la développer et de déterminer où aller pour que le film puisse s'étaler sur plus de deux heures.
Sauf que c'est même pas totalement random, ce truc. Car Payne a dû exiger de son intelligence artificielle qu'elle mette aussi en avant absolument toutes les thématiques qui branchent le démocrate moyen qui croit avoir une bonne conscience politique juste parce qu'il apprécie George Clooney. De tels réglages se révèlent bien problématiques dès lors que le film dépasse les trois quarts d'heure de sa durée.
Car jusque là, Downsizing se tient d'assez belle manière. Parce qu'il raconte quelque chose qui aurait pu parler, au choix, d'une manière décalée, des problèmes environnementaux et des ressources cramées de la planète. Ou, de manière foutraque, de la séparation rocambolesque d'un couple qui n'est pas, à l'évidence, sur la même longueur d'ondes.
Sauf qu'Alexander Payne ne choisira, dans un premier temps, jamais son camp. Et la signature du divorce, totalement expédié, sera la première borne d'un intérêt en mode réduction perpétuelle, tant le personnage de Matt Damon est laissé à lui même dans son suburb paradisiaque digne de l'environnement d'une résidence pour seniors. Et le film de se transformer en une satire molle et timide du rêve américain, rabâchée, usée jusqu'à la corde, que même Bienvenue à Suburbicon avait mieux traité, et ce en moins de deux minutes d'une publicité d'un autre temps.
Le reste de Downsizing vogue mollement, on ne sait trop vers quelle volonté de raconter une histoire, en enquillant les poncifs politico-socialo-écolo assez pouet pouet, passant du coq à l'âne, comme si Alexander Payne ne savait jamais où aller passé l'horizon de son pitch alléchant. On se retrouve donc dans une fête sous amphét', dans un quartier taudis où, surprise, vivent les hispaniques, qui passent de l'autre côté en empruntant un tunnel percé dans un mur... On a connu Alexander Payne un peu plus subtil.
On y retrouvera aussi une dissidente vietnamienne avec une jambe de bois, dans un buddy movie parfois exaspérant, un gars de l'Est escroc mais très gentil, un capitaine de bateau Playmobil et une colonie de néo babas millénaristes.
Le menu est varié, à l'évidence. Mais il est servi n'importe comment, par dessus la jambe. Le tout sans aucune passion, sans envie de cinéma, sans le moindre affect et en mode mécanique. Avec Downsizing, on mange la plupart du temps froid et on en laisse pas mal dans l'assiette. Car il s'agit des restes de la veille dans les rares morceaux de pensées que l'on nous présente. C'est aussi mou sous la fourchette et assez mal assaisonné, pour tout vous dire.
L'intelligence artificielle qui a pondu le scénario passe donc à côté de tout ce qui aurait pu développer l'idée de départ de manière iconoclaste, surprenante, voire même seulement intéressante. Le tout avec une constance opiniâtre qui laisse parfois pantois. Et surtout, une franche impression de gâchis au bout du compte, faisant de Downsizing la première déception de cette année 2018.
Il aura pas fallu attendre longtemps.
Behind_the_Mask, qui a laissé son mini-moi écrire son billet d'humeur.