Projet longtemps évoqué avant d'être enfin finalisé, je pensais (un peu naïvement) qu'offrir une fin sous forme de long-métrage à « Downton Abbey » était une bonne idée, n'ayant pas été spécialement convaincu par le dénouement assez convenu de la série. Malheureusement, c'était sans prendre en compte que les dernières saisons avaient déjà baissé assez nettement en qualité, restant plaisantes et capables de jolis sursauts, mais n'ayant clairement pas le charme des précédentes. Je pourrais appliquer quasiment le même constat à cette suite cinématographique... vis-à-vis des derniers épisodes. C'est qu'offrir sur grand écran la conclusion (pas forcément prévue, à la base, mais bon) d'un feuilleton, qui plus est aussi emblématique, est une entreprise rarissime, dont on se rend vite compte des limites ici.
On ne se moque pas de nous pour autant : techniquement, visuellement, dans les décors, les costumes, les objets, l'ensemble reste extrêmement soigné, cette dimension très luxueuse se prêtant bien au format grand écran. L'intégralité du casting est présent, assurant un évident savoir-faire britannique, certains dialogues restant savoureux, ou plus précisément CEUX de Maggie Smith. Et oui, on ne peut évidemment pas développer les protagonistes durant deux heures comme on le fait en presque huit habituellement (si je ne compte qu'une saison). Alors certes, on les connaît par cœur, donc cela est un peu moins gênant, mais certains sont juste totalement sacrifiés, apparaissant à peine plus d'un instant alors qu'ils étaient des éléments essentiels précédemment (je pense en premier lieu à Baxter).
Du coup, ces prestations, aussi impeccables soient-elles, passent plus inaperçues, le côté piquant étant donc quasi-intégralement assuré par Maggie Smith, même Michelle Dockery s'étant un peu trop assagie, sans parler de Jim Carter, quasiment devenu un béni-oui-oui. Mais surtout, le scénario n'est clairement pas à la hauteur. C'est vraiment ce domaine qui m'a fait comprendre que relever le rideau n'était pas une si bonne idée : tout a déjà été dit auparavant, ce séjour du Roi et de la Reine dans la demeure des Crawley le confirmant. Les auteurs en viennent même assez tristement à tomber dans des caricatures grotesques, souvent élégamment évitées à la télévision, notamment le personnel royal, parfois au-delà du gênant. Certaines sous-intrigues sont tout aussi pauvres
(l'attentat déjoué, pourquoi pas mais faisant tellement rajouté),
seule celle autour de Barrow, sans être géniale, amenant une parenthèse progressiste, éprise de liberté plutôt salutaire.
Enfin, j'ai trouvé ça simplement trop « riche », trop « prestigieux », peut-être justement parce que les domestiques n'ont pas la même importance, la même personnalité qu'ils pouvaient avoir précédemment. Tout ceci est donc bien emballé, pas déplaisant à suivre (ah, ces quelques notes de musique toujours aussi bien senties, quelle que soit la circonstance), retrouver une dernière fois, aussi inégalement exploités soient-ils, ses personnages autrement que dans notre salon, pouvant être un argument valable. Reste cette impression de vraie-fausse conclusion dispensable, voire inutile, la futilité (désolé mais le mot me paraît adapté) de l'argument démontrant à quel point les adieux, même décevants, à la fin de la sixième saison, étaient tout à fait justifiés. Passable.