Par où commencer avec un tel film ?
Dracula est sans doute l'un des seuls films d'amour qui trouvent grâce à mes yeux, car j'ai horreur des histoires à l'eau de rose (je les préfère au sang, en général). C'est donc loin d'être anodin s'il fait partie de mon top 10. Il doit avoir quelque chose d'exceptionnel, non ? Voyons voir...
Pour commencer par le plus évident : j'adore ce film. Bien qu'ayant un peu vieilli, j'en conviens, il répond plutôt bien au roman dont il se veut l'adaptation : aucun aspect du vampire n'est négligé, que ce soit sa monstruosité ou sa sensualité. L'intrigue et les personnages sont globalement bien retranscrits, même si je trouve que certains (Van Helsing et Lucy, notamment) ont un peu perdu de leur superbe par l'approche peu subtile qui est proposée de leur rôle dans l'histoire.
Toutefois, "Bram Stoker's Dracula"... il faut le dire vite ! Le romancier irlandais n'a sans doute jamais pensé à une quelconque romance entre Mina Harker et le Comte Dracula... Mais on ne peut pas reprocher à Coppola d'avoir ajouté cette vision sous l'angle de l'amour impossible, car la figure même du vampire se prête à ce genre de lecture. Le vampire est un être chargé d'érotisme macabre, de romance obscure et d'une symbolique sexuelle qui lui est propre (le croc qui perfore la chair et fait saigner : j'ai besoin de faire un dessin ?).
Bref : le film ! La première fois que je l'ai vu, j'étais jeune, et pas encore touchée par la grâce (malédiction ?) de l'addiction à l'art vampirique. Mais je l'ai revu que quelques années après, à une époque de ma vie où, cette fois-ci, j'avais lu le roman de Stoker (que j'avais adoré). Sans parler de réel "coup de cœur" à ce moment là, j'avais quand même adoré le film sur le coup. Je l'ai revisionné une semaine après, et là j'ai tilté. Le film est effectivement le plus fidèle que j'ai vu jusque là. Je parle principalement du ton, de l'ambiance, des partis pris sur certaines mises en scène (parfois héritées des adaptations précédentes). A mon sens, il s'agit d'un des meilleurs films de vampire. Le choix de faire référence au passé de Dracula, à savoir son vivant en tant que Vlad Tepes, rend le film assez proche du roman original dans lequel l'origine du Comte est plus ou moins évoquée de la sorte (et il a été confirmé que Stoker s'est inspiré de cet ancien voivoïde du 15ème siècle pour créer son Comte). En bref, les choix de Coppola semblent rendre plus évident certains aspects tacites du roman : la tension entre Mina et le Comte, la symbolique sexuelle, le passé de Dracula, etc. Cela rejoint mon commentaire sur les personnages : en opérant de la sorte, le réalisateur a sacrifié une partie de la subtilité du roman, qui grâce à la forme épistolaire gardait une part de mystère et de non-dit que le film n'a plus.
Visuellement, c'est une réussite : j'ai été particulièrement saisie d'admiration pour les costumes de Eiko Ishioka, qui sont tout bonnement sublimes. Quant à la musique... je dois avouer que j'écoute la BO dès que possible, car elle a une mélancolie particulièrement agréable qui accompagne à merveille mes sessions d'écriture et mes tasses de thé.
D'ailleurs en écrivant cette critique, j'ai envie de sortir le dvd et de le regarder à nouveau...