Sortie en 1979, cette adaptation de "Dracula" a depuis allègrement sombré dans l'oubli... et c'est bien dommage ! D'autant plus qu'outre ses qualités intrinsèques, elle fait office de belle transition entre les "Dracula" gothiques de la Hammer, et la version de Coppola de 1992, plus baroque et romantique.
En effet, Frank Langella campe un vampire à mi-chemin entre Christopher Lee et Gary Oldman. On retrouve la classe stoïque et l'assurance du premier, et la romance portée par le second. Ici, comme dans la version de Coppola, Dracula éprouve de réels sentiments pour sa proie... qui le lui rend bien. Une prestation qui permet à Langella de trouver l'un de ses meilleurs rôles. L'acteur ayant par ailleurs eu l'occasion de "s'échauffer" sur scène, puisque le film adapte une pièce de théâtre qu'il interprètera près de 900 fois sur les planches !
John Badham ne limite pas l'inventivité à ce traitement romantique du célèbre vampire. Car ce "Dracula" cuvée 1979 est très étonnant. Soutenu par des acteurs talentueux (Donald Pleasence et Laurence Olivier, tout de même), le film offre une atmosphère gothique de très bel effet. Jolis paysages brumeux, intérieurs chargés, extérieurs sinistres, scènes nocturnes à la photographie travaillée : le film jongle avec ces divers éléments visuels pour aboutir à un ensemble qui en jette.
On y trouve même quelques séquences réellement effrayantes (l'arrivée de Dracula par le mur, la confrontation avec Mina...), et d'autres pour le moins inattendues, dont une scène d'amour psychédélique ! La BO de John Williams, dont les sons trouve le juste milieu entre l'horreur et la romance, apporte beaucoup au film, renforçant considérablement l'impact des séquences en question.
Une jolie version donc, qui fut un semi-échec en salles. A noter que le public était gâté par les vampires en 1979, car Werner Herzog sortait la même année sa version de "Nosferatu" !