Dracula
3.2
Dracula

Film de Dario Argento (2012)

Bon, vu qu’on ne fait plus confiance à Argento, on sent que le budget qui lui a été alloué pour réaliser cette fresque gothique ambitieuse a été strictement calculé (10 millions, quand même). En fait, dans l’ensemble, la reconstitution d’époque est kitch dans le mauvais sens du terme, faisant davantage penser à la foire médiévale d’un patelin du Vaucluse plutôt qu’à une fin de XIXème en ébullition. Mais soit, ça peut donner un petit charme, et si le reste suivait, on pourrait fermer les yeux. Mais le reste ne suit pas. En effet, vu le manque de budget, il était évident qu’on allait avoir droit à des séquences numériques. Comme on savait que le comte D. allait se livrer à de multiples métamorphoses animales (tentative ambitieuse et novatrice), au moins pour les séquences de transformation. Mais pas que… Alors que le film commence avec une femme qui hurle en voyant un hibou numérique lui foncer dessus (on hurle aussi, pas pour la même chose), on voit d’un œil épouvanté notre héros sortir d’un écran vert qui a été remplacé par une locomotive d’époque au numérique si plat qu’on en a immédiatement une indigestion. Et régulièrement, souvent lors des scènes intéressantes, les fautes de goût numériques viennent tout foutre par terre, à chaque temps fort… Des mouches numériques viennent constamment emmerder nos personnages, la transformation de Dracula en loup est à s’arracher les yeux… Bref, le film aurait gagner au moins un point simplement en enlevant ces séquences ingrates. On passe sur l’interprétation complètement fade de l’ensemble du casting pour se concentrer un peu sur Dracula. Si son interprétation est complètement transparente (il n’a ni charisme ni grand enjeu dramatique), visuellement, le physique de l’acteur convient parfaitement, et sa tenue classe fait illusion tant qu’il n’ouvre pas la bouche (c'est-à-dire 2 secondes, car on tient ici le dracula le plus pipelette de toutes les adaptations de Stocker). Sans avoir une histoire particulièrement originale (elle reprend dans les grandes lignes la trame classique), le film se laisse suivre, nous gratifiant de quelques fulgurances gores sympathiques mais fugaces. Si la bouille de Rutger Hauer fait plaisir dans le rôle de Van Hellsing, on ne sera pas transcendé par le rythme régulier de l’histoire, incapable de relancer l’intérêt du spectateur jusqu’à un final très plat complètement convenu. Moins que les fautes de goût, c’est finalement la platitude du projet qui rend Dracula 3D difficile à regarder, l’ensemble ayant bien du mal à divertir sans combler nos attentes graphiques. Moins mauvais que prévu, mais tout de même, aller à Cannes avec pareille série B sous le bras, ça ne fait pas très sérieux…
Voracinéphile
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le 26 oct. 2013

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