Un Dracula bien personnel
Il y a bien longtemps qu'un film de Dario Argento n'avait provoqué un enthousiasme dans les années 2000.J'imagine très bien pourquoi certains on pu y voir mauvais goût, kitcheries ou pire, arrêt de mort du talent du réalisateur italien.
Rares sont les artistes à avoir été constants dans leur géni ou leur inspiration et j'aime à voir ce Dracula comme un signe de remontée de pente et non un blasphème à l'un des plus grands et terribles personnage de la littérature.
Bien sur, il y a d'abord de quoi rire en ce qui concerne le jeu des acteurs. A chaque apparition de Tania je n'ai pu réprimer quelques bouffées devant ce personnage vampire digne d'une série B italienne dans les années 70.Toujours prompte à se montrer dévetue pour n'importe quel pretexte,jouant à fond l'archétype de l'érotisme premier degré.Toutefois Argento n'oublie pas quelle est la plus vielle magie du monde et les charmes de la belle opèrent sans prétention dans des décors souvent d'un simple applat dans l'arrière plan, un synthétisme que j'apprécie.On rie beaucoup pendant la première moitié du film, surtout si vous êtes en compagnie de quelqu'un qui ne manque pas de souligner le grotesque de tel dialogue ou la mievrerie du pauvre Jonhatan Harker dans sa version la plus naïve pour être sympa. Et de surcroît, comment ne pas commenter en pouffant de rire cette horrible menthe religieuse de synthèse dans laquelle se mue le conte, il y aurait de quoi descendre en flèche ce film.J'ajouterais que les décrors extérieurs sont ratés à part deux ou trois plans nocturnes hyper bien foutus.
Mais voilà, j'ai remarqué que plus personne ne riait dans la seconde moitié du film, pour ainsi dire quand la mort frappe de façon toujours très brutale .Encore une fois Argento malmène sa fille à l'écran. Ce n'est pas le meilleur rôle d'Asia Argento parce que bizzarement dirigée (enfin plutôt en roue libre), mais nous ne pouvons pas passer à côté de ce personnage amie de Mina plutôt bien écrit, victime idéale parce que assoifée d'un amour desespéré, exposant à son propre père à l'écran comme dans la vie une triste dépouille.
Ce que j'aime chez Argento c'est qu'il ne va pas perdre son temps à nous faire croire à une humanisation bisounours de la figure du mal.Même si le choix de l'acteur jouant Dracula reste discutable on le sent malsain et non pré pubère vampire de pacotille.En celà Argento est radical et ses figures sont sans ambiguités.Ce qui lui laisse le temps de creser un autre aspect de l'histoire plus social où ce Dracula est désigné comme un exploitant de villageois.
Il y a un charme old school à ce film, assumé pour certains spectateurs , sans moyens financiers pour d'autres.Il y a aussi ce qu'on reconnait chez argento qui revient : le goût pour les livres, avec parfois des bibliothèques filmées comme des cathédrales, si on oublie la mauvaise 3D, des effets spéciaux artisanaux réussis qui contre balançent.
Il doit être difficile de travailler en Italie un projet aussi ambitieux dans un pays si sclérosé artistiquement et il m'est impossible de detester ce film ultra simplifié du mythe mais nous retrouvons des sensations propres à Argento. C'est bien pour celà qu'à chaque fois fois je me dis "ça y est c'est le bon film de retour", et même si nous sommes aux antipodes de Suspiria ou d'Inferno car en fait inspirés de sa femme d'alors Daria Nicolodi , il faudra bien qu'un jour Dario se débrouille tout seul et nous invente une bonne histoire et non plus une sorte d' Argento's Dracula.