---Bonjour voyageur égaré. Cette critique fait partie d'une série de critique. Tu es ici au treizième chapitre. Je tiens à jour l'ordre et l'avancée de cette étrange saga ici : http://www.senscritique.com/liste/Vampire_s_new_groove/1407163
Si tu n'en a rien a faire et que tu veux juste la critique, tu peux aller directement au deuxième paragraphe. Bonne soirée. ---
Les souvenirs des nuits perdues me reviennent doucement, et j'ai du mal à discerner le rêve de la réalité. Est-ce que c'était vraiment moi ? Est-ce que j'ai vraiment fait ça ? Qu'est-ce qui se passe ? Autant mon traitement à base de films de vampire n'a pas vraiment l'air de beaucoup m'aider à devenir une spécialiste en vampire, autant il semble avoir des effets secondaires assez singuliers. Moi qui voulait ressembler au professeur Von Helsing, j'ai l'impression de glisser finalement de l'autre coté... Ou peut-être est-ce simplement mon imagination. Après tout quoi de plus normal, à force de me farcir l'esprit de film de vampire à longueur de temps, que de faire des rêves qui s'y rapportent. Je ne vois pas comment regarder de simples films pourrait avoir un tel impact sur mon organisme. Ce n'est de toute façon pas le moment d'arrêter, sinon tous mes efforts auront été vains et je ne deviendrai jamais la spécialiste que j'aspire à être. Il me faut un grand film, vraiment cette fois, pas un faux-espoir, pour raffermir ma volonté. Quitter les années 80 est une priorité, trouver un grand réalisateur, un bon casting... Et un scénario à base du roman de Stocker, comme une vieille rengaine apaisante. J'ai ce qu'il faut.
Bon, et alors comme j'ai fait tout un flan de la mode dans Vampire, vous avez dit vampire ? (en plus d'être nul, ce titre est diablement long a écrire...), je vais commencer par un petit point coiffure. Ce film à un casting assez dingue. C'est une première chose. Mais ce n'est pas seulement Winona Ryder, Keanu Reeves, Anthony Hopkins et Gary Oldman dans le même film. Non. C'est Winona Ryder en brune, Anthony Hopkins avec une balafre, Gary Oldman déguisé en Slash qui a volé les lunettes de John Lennon et Keanu Reeves avec une coupe au bol. Oui, c'est de ce genre de film dont on parle.
Bien. En vérité, si j'ai divagué comme ça avant d'entrer dans le vif du sujet, c'est parce que je n'ai pas vraiment les mots pour ce film. C'est une merveille. Analytiquement parlant, je suis convaincue qu'absolument chaque scène est analysable et peut délivrer des clés de compréhensions qui dépassent l'entendement. Les exemples les plus fragrants sont ces raccords absolument formidable, qui témoigne d'une art de la transition ultra-maîtrisé. La scène où les personnages se poursuivent dans le labyrinthe de nuit, référence soutenue à Shinning, emplit l'espace d'une symbolique dense. Celle où Mina rencontre Dracula, avec son ancrage historique a la naissance du cinéma, est une mise en abyme dingue entre le dialogue qui transparaît le débat qui n'était pas même encore né à l'époque pour savoir si le cinéma est un art, et la preuve qu'en apporte Coppola en soignant encore plus, s'il est possible, sa réalisation. Tout est lourd de sens, chaque image transcende le scénario en y apportant mille précision, et comme à chaque fois que je suis autant enthousiasmée, j'ai envie de citer Chaplin et Hitchcock en même temps, qui avaient eux aussi l'art de rendre une histoire intéressante encore plus intéressante grâce au procédé cinématographique lui-même. Alors mettons juste un petit point personnel avant d'aller plus loin : On ne partait vraiment pas gagnant, parce qu'en règle général, je n'aime pas vraiment beaucoup Coppola. Les films de trois heures ou il-ne-se-passe-rien-mais-tu-comprend-c'est-pour-s’imprégner-de-l'ambiance, c'est pas vraiment mon truc. Et là pour le coup, le film ne dure "que" 2h07 (c'est le plus long film de vampire qui ai existé à sa date de sortie je crois, mais pour Coppola c'est presque un court-métrage), et il se passe des masses et des masses de choses ! L'adaptation du roman de Stocker est assez fidèle, et le réalisateur pousse le vice jusqu’à lui rendre quelques hommage directs en le citant directement. Evidemment c'est peu original pour le plus-que-classique "I never drink... Wine", c'est plus inédit pour certains pans entiers des correspondances qui animent le livre de référence. Mais surtout... C'est amusant, je relisais, par nostalgie déjà, mes critiques de début de mois, ou je disais qu'on n'allait pas voir un film de vampire pour son scénario. Au début du siècle peut-être. Mais là je n'ose prononcer un mot sur le scénario de peur de spoiler le lecteur. Oui, c'est une adaptation fidèle et pourtant... Dracula franchit un cap encore dans son évolution en devenant un personnage attachant, torturé, et il entraîne dans ses douleurs dont il est le seul à blâmer tous les autres personnages qui l'entourent. Jusqu'à cette fin inévitable et poignante. Et sur le générique accompagné de la voix d'Annie Lenox, on intègre doucement ce qui vient de se passer avec la conviction d'avoir vu un pilier du septième art.