Dracula s'entaille al poitrine et demande à Mina de poser ses lèvres sur la plaie. Cette scène est la plus belle du film, sans doute parce que Coppola y introduit le sentiment amoureux. Mina aime Dracula comme la Belle aimait la Bête dans le film de Cocteau. Constamment, on sent Coppola tenté par son vrai rôle d'artiste, ne pas illustrer l'étrange, mais l'inventer. Témoin cette scène bizarre ou, plein coeur de Londres, à la fin du XIXè siècle, Dracula entraîne Mina à une séance de cet art nouveau qu'est le cinématographe. Un loup blanc surgit alors que Dracula fais caresser à la femme qu'il aime... Seulement, des amoureux et des loups blancs, ça n'attire pas forcément les foules (américaines, en tout cas). Un peu de gore par- ci, quelques décapitations par-là. Et, pour épater la galerie, une caméra subjective et putassière pour saisir la course du vampire vers sa proie... La faille de Coppola c'est de repousser volontairement l'épure au profit du spectaculaire. Son Dracula est donc un fourre-tout attrayant et décevant.