Ce Dracula est sauvé de l'enfer : il n'a pas d'âme à vendre au diable
Dans le Dracula de Coppola, j'avais beaucoup aimé le passage envoûtant qui évoquait Vlad, avant sa transformation en vampire. Du coup, sans m'être renseigné sur ce film, j'espérais très fort retrouver cette ambiance en version longue.
Riez de ma naïveté... À la place, j'ai eu affaire à du kitsch à la mode, du cinéma formaté sans surprise, à l'esthétique de supermarché. Un mélange de costumes pompés sur Game of thrones, de méchants d4rk androgynes façon Matt Pokora dans Robin des Bois (coiffures de joueurs de foot en bonus), de dialogues sans imagination. Les dilemmes moteurs du film foutent un peu le cafard tellement ils manquent d'originalité : "La famille ou la patrie ? L'utilitarisme ou suivre son KEUR ? Sakrifié son umaniter ou voire mourire ceu kon aime ?". Et les combats numériques sont tristement dans la moyenne, avec des décors impressionnants mais sans âme (c'est quand même mieux quand Peter Jackson filme la Nouvelle Zélande en hélicoptère) et des foules de soldats turcs de pixel et de calculs.
J'aurais rêvé d'un truc plus sombre, plus sanglant, plus sale, moins cucul la praline, moins familial. D'un Vlad pas "gentil-qui-ne-fait-que-son-dur-devoir-de-prince". Non, d'un Vlad qui empale les gens en riant, qui bouffe sa famille d'une pulsion, qui est craint par son peuple, qui est possédé par le démon. J'aurais aimé voir la peur sur le visage des Turcs. Voir plus que des figurants qui agitent les bras ou des images de synthèse. Des Turcs qui se chient littéralement dessus, qui vomissent avant la bataille, qui suent à grosse goutte, qui ne dorment pas la nuit, paranoïaques. Ou au moins un bon trip crado à la 300, de Zack Snyder.
J'aurais aussi rêvé d'une meilleure recherche esthétique. Que ce film réveille des connotations plus intéressantes. Qu'il ait une vraie âme. Le mythe de Dracula est tout de même très fortement lié à sa terre, à la Transylvanie, à une culture. Où sont passés les mystères de l'orient ? Les ténébreux chants orthodoxes dans l'épaisse fumée des encensoirs ? L'envoûtant accent roumain ? On ne se sent pas chez Dracula, ça sent le toc, la culture globale, la fantasy bas de gamme. L'architecture du château est d'un fantastique complètement générique, la vie et les habitudes de la cour et du peuple transylvanien n'ont rien de particulier. Sortir des clichés habituels sur la Transylvanie, ça pouvait se tenter... Mais si c'était pour en imposer de plus lourdingues encore, les responsables de ce film auraient pu s'abstenir.
S'il faut reconnaître que l'angle sous lequel le mythe Dracula est abordé est original, j'aurais du mal à vous le conseiller. Mais bon, ça divertit mollement donc ça peut se tenter.