"You will have the strength of a hundred men, capable of moving faster than a shooting star, and command all creatures of the night"
A ses débuts, Dracula Untold frise la mauvaise impression. Péripéties prévisibles, dialogues sans résonnance… pour finalement se révéler dans la suite du film.
Guerrier sans égal n'aspirant qu'à la paix dans son royaume, le prince Vlad se voit contraint -face à l'envahisseur Ottoman- de passer un pacte faustien avec une créature diabolique. De ces origines naitront ainsi Dracul, le fils du dragon.
Damné par un démon qui, pourtant, ne lui a jamais menti sur l'existence de cauchemar qu'il allait connaitre. Aussi, à l'inverse de nombres d'œuvres sur le sujet, le malin ne dupe pas le héros; il ne lui ment ni sur sa nature, ni sur son avenir.
La vanité est ainsi au cœur de l'intrigue. Comme si, quoiqu'il advienne, la nature profonde et le passé de Vlad Tepes ("l'empaleur") le mèneraient vers son destin tragique.
"Parfois les hommes n'ont pas besoin de héros, mais de monstres" comme il le résume si bien à monsieur Tywin Lannister.
Un héros maudit, mais pas un anti-héros pour autant. Résigné à son sort, Dracul, même au plus fort de son désespoir, demeure guidé par sa raison et une forme assez frappante d'altruisme. Au contraire de ses prédécesseurs, ce Dracula ne sombre pas irrémédiablement dans les ténèbres.
C'est le second point d'une originalité bienvenue, qui témoigne d'un synopsis correctement ficelé.
A dire vrai, le film n'a de manichéen que ses antagonistes; les gros méchants vilains turcs. Ennemis, qui plus est, caricaturaux et anachroniques (un ottoman avec une crête blonde à l'iroquoise… bon voilà).
Niveau visuel, les lugubres paysages de la Transylvanie ne sont pas les plus impressionnants. Bien que l'on reconnaisse les pics hantés des Carpates, cette terre de Valachie a déjà bénéficiée d'adaptations plus proche du roman de Bram Stoker. En revanche, les costumes du film sont très réussis; en particulier l'armure de Vlad au dragon rouge stylisé.
A l'instar de "Edge of Tomorrow", Dracula Untold est représentatif de l'inspiration des jeux vidéo pour les blockbusters modernes (notamment dans les fulgurantes scènes de combat). D'ailleurs, l'ambiance du film comporte d'amusantes similitudes avec celle des Castlevania: Lords Of Shadow (pour ceux qui connaissent).
Au chapitre casting, mis à part plusieurs trombines venants de séries à succès (Game Of Thrones, Black Sails), Luke Evans tient fièrement la tête d'affiche. Et à vrai dire, le comédien n'avait jusque-là pas eu beaucoup de chance dans sa carrière:
Des réalisations moyennes (Robin des Bois, le Choc des Titans), des gros nanards (Les Immortels, Les trois mousquetaires 3D), une poignée de films inconnus… L'acteur n'étant pas mauvais en soi, mais aucun de ces long-métrages n'eut de grande notoriété.
Il remonte la pente avec Fast&Furious 6; et c'est sous la houlette de Peter Jackson qu'il connut un meilleur rôle, dans sa saga du Hobbit. Enfin, en incarnant le prince du ténèbres, il développe une certaine prestance sans surjouer son personnage. Un Dracula plutôt réfléchi que sanguin, qui ne libère sa rage que dans le feu des batailles.
A part la tendance "hey regardez c'est nous les gros méchants" des turcs, et quelques facilités de scénario, Dracula Untold est un moyen-budget qui a du mérite. Et pour le premier rôle en tête d'affiche de Luke Evans, les encouragements sont de mise.
De surcroît, cette adaptation du prince de Valachie fait une intéressante jonction entre l'idéal moderne du vampire et le roman original de Bram Stoker, dont il rattrape l'intrigue.
De sang et d'acier