Grosse envie de revoir ce film, mais difficile de mettre la main sur le DVD, j'ai fini par en dégoter une version télé déplorable sur le net. Toujours mieux que rien.
Vu il y a une bonne vingtaine d'années dans un cinéma rue des écoles à Paris, c'était déjà à l'époque une denrée rare, l'opportunité de voir sur grand écran un film surprenant pour sa distribution pléthorique.
Dragées au poivre souffre de cette inconstance propre à de nombre de films à sketchs. Il est donc nécessaire d'être indulgent pour les petits trous d'airs qui constituent certains passages. Les transitions ne sont pas toujours très réussies. Il y a même des séquences qui laissent complètement perplexe, insensible.
Par contre, deux ou trois morceaux sont exceptionnels. Évidemment, on se souvient tous du numéro à la fois triste et drôle que nous servent Simone Signoret et Jean-Paul Belmondo. Ce dernier joue très bien le légionnaire débonnaire, je m'en foutiste, un peu nigaud et Simone Signoret en petite pute amoureuse, est d'une naïveté finalement touchante.
J'aime aussi l'interview du bellâtre comédien, Marlon Brando de pacotille. Guy Bedos, auteur et dialoguiste du film, y est comme un coq en pâte, drôle, petit garçon apeuré (rôle qu'on lui vit tenir souvent dans ses premiers films).
J'ai adoré retrouver Jean-Pierre Marielle en tennisman perdant, mais humiliant son adversaire vainqueur.
Plus surprenant, la merveilleuse Monica Vitti jouant avec un Roger Vadim trop effacé dans un sketch que Guy Bedos reprendra plus tard sur scène avec Sophie Daumier ou Muriel Robin. Dans un français où roucoule un léger accent, la belle italienne joue de sa sensualité et sûrement de sa filmographie antonionienne.
A ce propos, le film est furieusement cinéphile : il est fait allusion à la Nouvelle Vague, à l'Actor Studio, au cinéma vérité, à West Side story et j'en passe. Il rend hommage où se moque, c'est selon, la frontière restant astucieusement floue. A voir certaines scènes, avec ces personnages cyniques, fous ou salops, on peut songer aux "monstres" de Risi, ou du moins à la comédie italienne, mordante, satirique, nettement subversive, cruelle et drôle à la fois. Et plus surprenant encore, à maintes reprises, le film se meut en comédie musicale. De numéros de chant de la part de comédiens qui ne sont pas des habitués du genre, comme Claude Brasseur ou Guy Bedos par exemple.
L'ensemble est inégal. Difficile de trouver une cohérence générale. Sur la forme, la mise en scène n'accroche pas vraiment l'œil. Vu la piètre qualité de l'enregistrement, j'aurais bien du mal à parler correctement de l'image. J'en reste là. Malgré l'aspect foutraque de l'ensemble (inhérent au genre), il se dégage de ce film une atmosphère volontiers rieuse, de joyeuse et impertinente bande de cabotins.
J'aime bien ce film mal assorti, brouillon. Juvénile, noir et détaché tout de même. Il a certes des temps morts, mais les temps forts remportent la mise.
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