Dans ce film, qui parodie ouvertement le cinéma-vérité à la Jean Rouch, un jeune Guy Bedos, aspirant acteur, suit sa soeur adepte de ce mouvement, qui consiste à filmer les gens dans la rue, un peu comme Chronique d'un été ou plus tard dans l'année Le joli mai de Chris Marker.
En fait, il s'agit surtout d'une carte de visite de l'acteur Guy Bedos, également coscénariste, pour un ensemble de petits sketches qui reprennent parfois des acteurs et actrices de la Nouvelle Vague, jusqu'à copier la réalisation, comme un plan où on voit la réalisatrice poussée sur un landau, un peu à la manière de Raoul Coutard qui filmait A bout de souffle assis dans un caddie. Sauf que j'ai trouvé l'ensemble assez lourdingue, car ça n'est pas vraiment drôle, et ponctué de très nombreux moments musicaux qui sont eux aussi consternants. Mais si Dragées au poivre est resté dans la postérité, c'est pour son casting hallucinant, où on peut y trouver Claude Brasseur, Anna Karina (dans une histoire de plomberie), Jean-Paul Belmondo et Simone Signoret, François Périer, l'excellent Jean-Pierre Marielle, Sophie Daumier, Monica Vitti, Marina Vlady, et beaucoup d'autres, et qu'ils représentent une photographie de la jeunesse française de 1963 (enfin, pas tous). Car il faut se farcir un Jacques Dufilho en prof de musculation homosexuel qui fait passer Michel Serrault pour du Bergman ou un Francis Blanche qui en perd sa voix à force de cabotinage.
Comme quoi, avant de se moquer de mouvements comme le cinéma-vérité, la caméra-stylo chère à Alexandre Astruc ou la Nouvelle Vague, il faut avoir de sérieux arguments...