A l'époque principalement connu comme producteur et réalisateur pour des séries télévisées, Rob Cohen revenait à la mise en scène pour le cinéma en 1993 avec Dragon, récit biographique sur le parcours du légendaire Bruce Lee, décédé en 1973.
Librement adapté du livre de Linda Lee, Dragon tente de raconter toute la vie du Petit Dragon, de ses jeunes années à sa mort mystérieuse, le tout en seulement deux heures. Une durée bien évidemment trop courte, condamnant le long-métrage à survoler la majorité de ses sujets, comme l'apprentissage du jeune Bruce Lee ou sa soudaine notoriété suite au succès de Big Boss.
Principalement axé sur les rapports entre l'artiste et sa compagne, ainsi que sur son parcours semé d'embûches aux USA (le racisme ordinaire de l'époque est clairement pointé du doigt), Dragon semble souvent avoir le cul entre deux chaises, hésitant entre biopic classique et pur film d'action. Des séquences d'ailleurs étonnamment efficaces et plutôt violentes, même si le fait qu'elles semblent sortir directement d'un film de la star en réduit paradoxalement la portée. On pourra leur préférer ces instants troublants et oniriques illustrant les démons d'un homme sans cesse poursuivit par le spectre de la mort, et qui ne pourra malheureusement pas y échapper.
Dans la peau de ce monstre sacré, Jason Scott Lee fait ce qu'il peut, compensant les lacunes de son jeu par une implication physique indéniable. Un rôle sûrement trop grand pour lui, qui fut proposé dans un premier temps à Brandon Lee, avant que celui-ci ne décède prématurément peu avant la sortie du long-métrage qui lui est d'ailleurs dédié.
Bien que trop court et n'évitant pas toujours la caricature, Dragon est un film extrêmement respectueux de son sujet, loin d'être définitif mais pas honteux pour autant et proposant une poignée de scènes d'action bien brutales.