Bolton a choisi de ne pas exactement dater son film. On peut penser qu’il se déroule dans la Louisiane dans le milieu du 20ème siècle. Le film malgré d'évidents problèmes est sensible et touchant.
Le cinéaste est assez inspiré dans la première scène de sexe entre les deux garçons. S’il ne montre pas grand chose, il réussit bien cependant à suggérer leur émoi, leur maladresse, leur fougue et leur plaisir.
La réalisation posée donne au film intensité et puissance. Le souci constant du détail lui apporte une touche très authentique. Le réalisateur a échangé le style urbain de son précédent film, The Graffiti Artist, à la dominante froide pour des images plus romantiques que baigne une lumière dorée.
Peu de cinéastes ont autant de courage que Bolton qui n’hésite pas à s’attaquer à des sujets tabous comme à un amour entre un garçon de 15 ans et un homme qui a le double de son âge dans Eban et Charley et comme ici à l’inceste entre un père et son fils. En filmant les conséquences de l’acte et non celui-ci, le cinéaste n’évite pas l’obstacle, mais réussit mieux à peindre l’atmosphère irrespirable qui règne dans la maison de la famille de Nathan.
Mais Bolton a un peu présumé de ses forces en voulant traiter en un seul film, trop court, des sujets aussi complexes que l’inceste, l’amitié adolescente, la bigoterie du vieux sud et les légendes fantastiques qui le travaillent. C’est tout ce versant onirique du livre de Grimsley que le cinéaste peine a agréger dans un film par ailleurs convaincant par son âpre naturalisme.