Dream of a warrior (2001) – 천사몽 / 108 min.
Réalisateur : Park Hee-joon – 박희준.
Acteurs principaux : Leon Lai - 黎明 ; Lee Na-young – 이나영 ; Park Eun-Hye – 박은혜 ; Yun Ju-sang – 윤주상.
Mots-clefs : Corée – Science-Fiction – Romance.
Le pitch :
Un scientifique invente une machine qui permet non seulement de visualiser ses vies antérieures mais également de les visiter. Alors qu'il testait la machine sur sa fille, un groupe religieux détruit ladite machine et la jeune femme se retrouve perdue dans les limbes du temps. Une seule solution pour la sauver, envoyer un inspecteur dans le temps un jeune inspecteur qui la connaissait dans une vie antérieure.
Premières impressions :
Je vous avais dit que j’avais récupéré une grande quantité de VCD hongkongais ? Eh bien figurez-vous qu’au milieu des films de triades et des comédies potaches, se trouvaient deux galettes de science-fiction coréenne ! Et Bordel, rien que la jaquette aux aspects très Matrixien me donnait très envie d’y plonger. En route pour un voyage dans le milieu de la Romance-SF fauchée ! Attention Spoiler.
Le film commence sur les chapeaux de roues, en pleine course poursuite entre des policiers et quelques individus habiles du lance-roquette. Après quelques échanges de tirs et l’explosion d’un hélicoptère, retour en salle de briefing. Un groupe religieux a mis à mal les projets du Didier Raoult du futur en faisant péter une machine à remonter dans le temps, ou plutôt à voyager entre ses vies antérieures et/ou futures. Manque de bol, cet attentat a coincé dans les limbes du temps la fille du Raoult coréen. C’est que le gars croyait tellement fort dans son invention qu’il n’a pas fait de test randomisé en double aveugle avant d’envoyer sa fille sans bouée de sauvetage et c’est un peu ce qu’on appelle prendre la confiance.
Pour la sauver, un seul homme sur des millions est sélectionné : l’inspecteur Léon la mèche. Le type est convoqué par Raoult qui lui annonce que comme ses ondes cérébrales pulsent à 6 gigabits par secondes, et pas les autres, eh bien il doit monter dans une nouvelle machine toute neuve. Il y aurait de quoi flipper un peu, mais Léon, c’est le genre de mec qu’en a. « Ouai pourquoi pas, t’façon Top chef c’est fini, moi je supportais Mory, le monde c’est tout naze, j’m’en vais sauver votre fille Dédé, j’ai rêvé d’elle, elle a l’air fort aimable » lui répond Léon. Ni une, ni deux, notre flic s’assoit dans le siège de la machine temporelle, enfile un Oculus Rift et saute dans un Vortex façon Sliders.
Sans transition, le film change du tout au tout. Nous voilà désormais dans un passé-futuriste qui ressemble à un mélange de Dune et de Final Fantasy. Ici, une caste noble règne sur le bas peuple qui aime s’avilir de combats dans la fosse et de Rollerball sans rollers. Hélas, le pays est menacé par le retour d’un méchant du camp d’en face qui s’est constitué une garde prétorienne burnée. Outre la fin de la civilisation, ce retour tombe mal, parce qu’il arrive pile-poil au moment où le Généralissime doit marier sa fille avec un jeune blanc-bec avide de pouvoir qu’on nommera Iznogoud. Bien entendu, la princesse n’est pas amoureuse de lui puisque son cœur bat pour un guerrier d’une caste inférieure qui n’est autre que la vie antérieure de l’inspecteur Léon. Et là, si vous suivez un peu, vous aurez compris que la princesse, c’est la vie antérieure de la fille du Didier Raoult, mais pour l’instant cette histoire de réincarnation, le réalisateur s’en balek. Pour le moment, Park Hee-joon a décidé de nous son servir un Roméo et Juliette et pas autre chose.
En fait, les deux timeline sont tellement peu entremêlées que je soupçonne très fortement que le voyage dans le temps soit une idée ajoutée a posteriori. D’ailleurs, ce n’est qu’une fois la romance shakespearienne terminée que l’inspecteur Léon réapparait pour sauver une Juliette déjà suicidée mais qui par la magie du TGCM dort bien sagement dans une chambre de stase. La morale est sauve, Roméo-Léon et Juliette sautent dans un vortex temporel, tout est bien qui finit bien.
Comme vous vous en doutez après avoir lu ce très long résumé, le film est plutôt mauvais. Il s’agit d’une SF fauchée, aux décors en carton-pâte agrémentés çà et là d’incrustations 3D niveau cinématique de Playstation. Et le supplice ne s’arrête pas là puisque le film n’a que deux ou trois thèmes musicaux (certainement commandés à un copain), que les bruitages des armes proviennent de banque de données de jeux vidéo, que les scènes n’ont aucune transition et que le réalisateur est adepte des plans mièvres sur une musique mièvre chaque fois que Roméo et Juliette regardent dans la même direction en récitant des dialogues de mauvais rom-com.
Pourtant, au-delà de l’aspect cheap et du manque de cohérence, je dois avouer que j’ai plutôt passé un bon moment. En fait, je crois que j’apprécie la tentative du réalisateur de développer un monde retro-futuriste alors qu’il n’a clairement pas le budget pour. Alors oui, l’histoire en elle-même est une sorte de Roméo et Juliette vu cent fois, mais avec ses faibles moyens, le réalisateur tente tout de même de nous en dire plus sur le monde qu’il dépeint. Bien que ce soit très maladroit et grossier, le réalisateur arrive en quelques scènes à expliciter son monde, son système politique, son système de caste, la façon dont le peuple se divertie, ses croyances et légendes, bref, tout un contexte dont il aurait pu facilement se passer. Cela donne la sensation qu’il y a un monde plus vaste au-delà des personnages et cet effet est renforcé par les nombreuses ellipses. D’une scène à l’autre, les personnages changent de lieu sans transition. On passe par exemple d’un briefing de bataille à un bar futuriste, et même si le réalisateur ne l’explicite pas, on voit que les soldats cherchent à prendre du bon temps avant de monter au front. La scène en elle-même ne fait pas avancer l’intrigue et elle n’a pour unique fonction que de montrer un monde plus vaste. Cela veut dire qu’il y a fallu un créatif pour imaginer le bar, construire le décor, tourner la scène et tout ça pour trois minutes maximums, bref un sacré budget et donc un effort à saluer qui, même s’il ne sauve pas le film, dévoile des ambitions plus grandes que de tourner un bête film d’action.
Pour conclure, Dream of a Warrior est un mauvais film inconnu qui apparemment a connu une sortie française en 2004 mais que personne ou presque n’a vu. Un film aux décors en carton-pâte, au scénario bancal, cliché et parfois complétement idiot, mais qui pourtant a un certain charme dans sa tentative de décrire un monde futuriste avec ses mœurs et croyances. Du coup, et même si ce n’est vraiment pas bon, je conseille de voir ce film pour tous ceux qui aiment la SF un peu fauchée.