Mon premier film de 2013 ! Quand j'ai su qu'on aurait le plaisir d'y voir Lena Headey et Olivia Thirlby, je me suis dit : "ça a l'air bien".
Et de fait… Car au-delà de la légitime sympathie qu'on peut éprouver pour le Juge Dredd qui est en même temps flic, juge et exécuteur dans une dystopie fasciste, on apprécie surtout qu'il soit un vrai bad ass et pas un gringalet perturbé devenu superhéros car tout petit son biberon n'était pas à température. Ici, pas de ça : je tire la tronche, surtout dans la vôtre, je suis pas payé pour réfléchir, JE SUIS LA LOI, et je vous emmerde. Cette justice expéditive, admettons-le, évite beaucoup de paperasserie, ce qui la rend très eco-friendly. Le côté émotion du film est rendu par le biais de la jeune et jolie Anderson, juge nouvellement promu, dotée du pouvoir de télépathie, qui fait ses premiers pas dans la profession auprès de Dredd.
Grâce aux Juges, nous vivons dans une société exemplaire : une seule ville, Mega City One, comptant 800 millions d'habitants (ce qui laisse beaucoup de place à la nature autour), dans la tour d'habitation "Les Pêchers" (décor du film) un taux de chômage de 96 % (donc seulement 4% de malheureux qui bossent), et à peine 17000 homicides par jour. Mais tout n'est pas parfait : une drogue circule, le "slo mo", dont l'effet le plus notable est de plonger son usager dans un extrême ralenti. Cette drogue est distribuée par le gang de "Ma-ma" (Lena Headey, balafrée, dents pourries, mal peignée). Dredd et Anderson sont donc dépêchés dans la cité "Les Pêchers" où règne Ma-ma, dans le but de "disposer" de celle-ci. La cité des Pêchers consiste en une gigantesque tour, haut tuyau à ciel ouvert dont la paroi est constituée de milliers d'appartements disposés en galerie autour du trou central, avec de nombreux couloirs en rayon de vélo, et des Aldi dans les étages inférieurs. Une fois Dredd et Anderson à l'intérieur, toutes les ouvertures sont verrouilées, et les voici claquemurés, ordre étant donné à tous les sbires de la reine des lieux de les zigouiller, sans tenir compte des habitants qui prendront les balles perdues. Les deux juges se lancent à l'assaut des étages afin de parvenir au dernier, où habite Ma-ma. Ils sont rapidement encombrés d'un prisonnier, qu'ils ne tuent pas immédiatement car les juges sont sûrs de sa culpabilité "à seulement 99 %". Le scénariste devait pleurer de rire en écrivant cela. Une bonne partie de la suite du film consiste en diverses péripéties plus ou moins (surtout plus) sanglantes, durant lesquelles certains malfrats connaîtront un enfer vertical en approche rapide, le tout agrémenté de ralentis montrant l'effet percutant des balles sur et à travers les organismes humains.
Certains ont comparé ce film à "The Raid - Redemption", à mon avis à tort, car les contextes sont très différents, mais je ne peux guère en dire plus car, honte à moi, l'esthétique très laide de Raid et la répétitivité des combats ont eu raison de ma résistance au bout d'une demi-heure…
Quitte à choquer, je dois préciser que ce film n'est pas sans défaut. On ne peut pas parler ici d'apologie de la violence ou d'apologie des régimes autoritaires, car la simple vue de ceux-ci durant tout le film suffit largement à vous en dégoûter. Simplement, j'aurais préféré que Dredd dézingue aussi quelques innocents afin de le rendre encore plus antipathique afin d'éviter que des esprits moins subtils que le vôtre ne prennent ceci au premier degré.
La bande-son anxiogène est très désagréable, aussi.
Et puis, bon, quelques menues incohérences. Par exemple. Nos deux preux Chevaliers étant bloqués à un étage, Ma-ma décide d'utiliser deux mitrailleuses, du genre qu'on trouve sur les hélicoptères, tirant 100 balles en titane par seconde, pour tout détruire. Elle envoie ses rafales meurtrières de l'autre côté du trou central, massacrant les centaines de personnes innocentes (certes au chômage) vivant là, espérant cueillir Dredd au passage. Comment celui-ci échappe-t-il aux balles ? En courant. Pas plus vite que les balles, non quand même, mais simplement en précédant l'interminable rafale, Ma-ma n'ayant apparement pas une seule fois l'idée de faire un petit gauche-droite rapide. Je sais que dans les films d'action actuels les méchants ont tendance à tirer comme des pieds, mais ici on repousse encore plus loin les limites de la frontière.
Mais je chipote car en vérité, le vrai gros hic selon moi, c'est LA grosse erreur de casting : je n'ai rien contre Karl Urban, l'interprète de Dredd, mais celui-ci a une mâchoire un peu ronde, et surtout on voit qu'il se force à tirer la gueule pendant tout le film : c'est très énervant. Quoi, ils n'ont pas suffisamment d'acteurs à la mâchoire carrée, à Hollywood ? Pas un seul qui ait les commissures naturellement tombantes ? De ce point de vue, et de ce point de vue là uniquement, Stallone était parfait !
Dernière chose déplaisante, si vous voulez voir ce film dans nos contrées, il va vous falloir trouver une solution autre que le cinéma, il paraît que c'est direct to video…