Dredd, tourné à la caméra 3D, pallie un scénario quasi inexistant par une action satisfaisante et une esthétique plutôt agréable. Où l’on s’attendait à un navet, il faut reconnaître que le film a ses bons côtés – même s’ils ne parviennent pas à maintenir le spectateur alerte 100% du temps. C’est donc plutôt une amélioration comparé à son prédécesseur des années 90, qui malgré une histoire plus travaillée, demeurait ridicule et truffé d’incohérences.
Il est effectivement difficile de laisser passer des incohérences lorsque le script tient sur une feuille de PQ. Mais l’existence de la drogue Slo-Mo permet de garnir le tout de quelques ralentis assez beaux, bien que la post-prod se soit lâchée sur la saturation, leur conférant un aspect légèrement kitsch se voulant futuriste. Mais le véritable défaut de ces séquences bien trop appuyées est cette sensation d’ennui qu’elles procurent, brisant le rythme entre deux scènes d’action pour un effet de style trop souvent utilisé. Le reste, demeure visuellement agréable, avec de bons effets spéciaux et une 3D qui trouve même son sens lors de certains plans car l’intégralité de l’action se situe dans un immeuble de 200 étages qui a parfois su être bien exploité de ce point de vue.
Même en se mesurant à un nanar, difficile de rivaliser avec le rictus de Stallone. Karl Urban s’en sort cependant de manière honorable, parvenant à afficher une moue grincheuse durant des temps records et à jouer sans faire usage de son regard, un exercice non dénué de difficulté. Olivia Thirlby, appréciée dans Juno, livre une performance vite oubliée ; éclipsée par Lena Headey, fort éloignée de l’habituelle Cersei (Game of Thrones). Se fait surtout remarquer Domhnall Gleeson (Anna Karenine, Harry Potter) pour l’originalité de son personnage.
Entre punchlines humoristiques dignes du premier film et méchants totalement dénués d’originalité, Dredd est presque un hommage, voulu ou non, aux films d’action et de S-F des années 80 et 90, que son aspect cliché rend attachant. Pourtant, on y retrouvera certaines inspirations modernes comme Christopher Nolan (une épidémie, ces temps-ci) notamment sur certains plans. La bande originale, quant à elle, rythme bien le tout, en adéquation totale avec le style du film.
Son (très léger) scénario a la malchance d’être étonnamment similaire à celui de The Raid, excellent film indonésien sorti l’an dernier, face auquel Dredd 3D tient difficilement la comparaison, au risque de le pénaliser. Cependant, il demeure un divertissement sympathique, mené par un Karl Urban qu’on espère presque revoir dans une suite.