Sorti en 1982, « Dressé pour tuer » est un des derniers films de Samuel Fuller. Au générique, d’autres noms prestigieux s’ajoutent : Romain Gary, le film étant une adaptation de son roman « Chien blanc », Curtis Hanson pour le scénario, mais aussi Ennio Morricone pour la bande originale.
Le réalisateur américain nous donne une petite leçon d’efficacité, instaurant en une durée ramassée d’1h30 une tension permanente grâce notamment à l’utilisation de la steadicam suivant les déplacements du chien imprévisible au plus près.
On pense alors à de Palma pour cette fluidité de mise-en scène et pour les quelques scènes sanguinolentes qui parsèment le film. Mais Fuller rend aussi un vibrant hommage à Hitchcock qui venait de décéder : on peut apercevoir dans les bras de Julie le fameux livre d’entretiens entre le maître et François Truffaut, il y a une affiche à son effigie dans l’appartement de l’actrice et comme le réalisateur anglais en était coutumier, Fuller apparaît lui-même quelques secondes dans
« Dressé pour tuer ».
Le film dans son ensemble est hitchcockien, le climax étant atteint dans une scène d’anthologie évoquant les « Oiseaux », où se croisent sans aucun accompagnement musical un petit garçon noir jouant dans la rue et le chien blanc affamé fouillant dans les poubelles.
A travers ce chien entraîné dès son enfance pour attaquer les personnes de race noire, Samuel Fuller a souhaité dénoncer la violence et le racisme prégnants aux USA. La fin désenchantée et pessimiste ne fait que préfigurer une société américaine d’aujourd’hui encore hantée par ses démons.