Samuel Fuller (“Shock Corridor”), réalisait en 1982 “White Dog”, un implacable long-métrage à charge contre le racisme. Intitulé “Dressé pour tuer” dans nos contrées, à ne pas confondre avec “Dressed to KIll” (“Pulsions”) de Brian De Palma sorti un an plus tôt, le film a su allier la force de l’image avec la profondeur du récit, un récit adapté d'un texte de Romain Gary sous l’impulsion de Jean Seberg, la compagne de celui-ci, activiste de la cause noire aux USA à la fin des années 60 (date de l’écriture du roman). Fuller transcrit le récit au début des années 80, le constat dramatique restant le même. Lorsqu’une nuit, la comédienne Julie Sawyer (Kristie McNichol) renverse avec sa voiture, un berger allemand blanc sur les hauteurs de Los Angeles, elle ne le sait pas encore, mais le diable vient d’entrer dans sa vie et il porte les oripeaux d’un “chien blanc”, un animal dressé pour tuer des personnes noires. Après une première attaque mortelle et un accident lors d’un tournage, Julie désemparée va alors se tourner vers Carruthers (Burl Ives), propriétaire d’un bestiaire d’animaux sauvages pour le cinéma. La jeune femme y fait la connaissance de Keys (Paul Winfield), un dresseur afro-américain. Au détour d’un dialogue entre Julie et Keys, on apprend avec stupeur que les “chiens blancs” élevés dans les Etats du Sud, furent d'abord entraînés pour traquer et tuer les esclaves en fuite avant de servir à retrouver les prisonniers noirs évadés ! Parsemé de scènes et de propos chocs - le passage dans l’église est particulièrement impressionnant - et accompagnée par la partition mélancolique d’Ennio Morricone, Samuel Fuller - en deuxième lecture - n’oublie pas d’égratigner au passage, le monde du cinéma en pleine mutation à la manière de Tarantino pour “Once upon a time in Hollywood”, l’humour en moins. Pamphlet sans concession sur le prosélytisme et l’endoctrinement - 42 ans après sa sortie - “White Dog” n’a rien perdu de sa force dénonciatrice. Un chef-d’œuvre !!!