Une actrice, Julie, écrase un berger allemand blanc et l'héberge le temps que ses propriétaires se manifestent. Il la sauve d'un violeur. Mais lors d'une prise de vue avec une actrice noir, il saute sur cette dernière. L'actrice l'amène chez un spécialiste des animaux, Carruthers, qui voit du premier coup d'oeil que le chien est un chien d'attaque, et même un "white dog" : il a été dressé pour attaquer les Noirs. Keys, son associé noir, entre dans une croisade pour guérir le chien. Il le fatigue et résiste à ses attaques, puis le nourrit. Mais le processus est long : un jour, Julie nourrit le chien, ce qui ruine une semaine d'efforts. Un autre, le chien s'échappe et tue un pasteur noir. Mais Keys ne lâche pas et refuse de prévenir la police. Le chien finit par l'accepter, mais il faut tenter avec un autre Noir. Un jour, Julie reçoit un charmant grand-père avec ses deux petites-filles : c'est l'ancien maître du chien, qu'elle envoie balader. Arrive la dernière épreuve : le chien court vers Keys, mais ne l'attaque pas. Il court ensuite vers Julie, mais ne l'attaque pas. Toutefois il se jète sur Carruthers, qui ressemble à son ancien maître. Keys, désespéré, décide de l'abattre.
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Le film est typé fin des 70's. Permanente et tenues extravagantes pour Julie, couleur un peu série B, gore lors des attaques du chien. Allusion à "Star Wars" quand Carruthers pointe un R2D2 et dit "Voilà l'ennemi. Les gens préfèrent les bidules à lumière aux animaux", assorti d'une allusion à "True grit". Petite vanne sur Truffaut, aussi. C'est la caméra stylo : les scènes s'enchaînent parfois sans vraie transition, mais construisent le propos. Aspect rugueux qui de mon point de vue relève un peu de l'effet de style ; cela dit c'est le Füller qui jusqu'à présent m'a le plus convaincu.
Le début du film fait penser à un film d'horreur. Le chien est un acteur à part entière, et sa figure tantôt placide, tantôt déformée par la haine, ou les gros plans sur ses yeux perdus qui font penser à un Viet Vet, mais aussi la violence de ses grondements et les éclats de sang introduisent une véritable tension, qui fait contrepoint au visage angélique et candide de Kristy McNichol, ou à celui ravagé et bouffi de compassion de Paul Winfield.
Ce n'est pas une allégorie du racisme, mais vraiment une réflexion sur l'éducation. Peut-on désapprendre la haine à un chien d'attaque ? Est-ce irréversible ? Le film attend un miracle, et j'ai pensé deux ou trois fois à "Miracle en Alabama", cette magnifique ode au métier de professeur.
Bien sûr, les partis pris de Füller sont parfois contestables. Ses ralentis à la Sam Peckinpah m'ont quelque peu étonné. Les tenues de Julie, avec ses chaussettes tirées haut pour en faire une fille candide, sa maison luxueuse où elle vit seule, ou encore ce violeur qui intervient seulement pour que le chien montre son attachement à elle : tout cela fait très écrit et ne convainct pas toujours.
Il reste que les décors ont ici une vraie force, à commencer par cette vaste cage ronde, semblable à un corral, dont Füller exploite visuellement le maximum (Curtis Hanson est à la photographie). Il n'y a que la musique de Morriccone qui m'énerve un peu, le thème principal revenant un peu trop souvent à mon goût.
Au final, "Dressé pour tuer" est un film coup-de-poing, un film qui dresse le spectateur en lui envoyant de grands coups de tatane dans la gueule, avec quelques audaces visuelles, mais qui fait bien son travail de film-choc.
Vu au Grand Action.