"The Driller Killer", quel titre de génie ! Ca claque, c'est court, et ça résume bien le concept du film. D'accord, mais que vaut justement l’œuvre ?
Il s'agit du "vrai" premier film d'Abel Ferrara. Techniquement son second, après un long-métrage pornographique où il était crédité sous un pseudonyme. Ici, Ferrara joue également le rôle principal, celui d'un peintre tourmenté. Excédé par le bruit de voisins (un groupe de rock underground qui s'est installé dans l'immeuble pour répéter), hanté par l'échec et le risque de devenir SDF, il décide de s'armer d'une perceuse et de zigouiller les vagabonds qu'il rencontre.
Les scènes de meurtres sont amusantes. Teintées d'humour noir, outrancière, graphiques, ce sont clairement les meilleurs passages. On peut aussi y voir évidemment une métaphore de frustrations sexuelles (notre homme est en coloc avec un couple de lesbiennes). Le hic c'est que ces scènes arrivent assez tard : il faut au moins attendre le tiers du film ! Et que pour la plupart elles visent des victimes anonymes, donc sans trop d'enjeu scénaristique.
Pour le reste, Ferrara dresse un portrait poisseux d'un New-York underground. Sauf que ça a très mal vielli, et c'est mou du genou.
Pas grand chose ne se passe. Les maquillages grossiers ressortent d'autant plus moches avec la HD d'aujourd'hui. A part Abel Ferrara, dont l'expression hallucinée et le visage étrange conviennent bien à ce rôle, la plupart des acteurs sont très moyens.
A ce niveau, je lui préfère allègrement "Maniac", plongée cauchemardesque dans l'univers d'un tueur en série new-yorkais.
Il faut tout de même dire que "The Driller Killer" fut en grande partie responsable au Royaume-Uni d'une censure généralisée d’œuvres violentes. La promo tapageuse du film donna en effet lieu à une vague de protestations de conservateurs, et au Video Recordings Act 1984, qui interdit une liste de films extrêmes, appelés "video nasties". Toute une époque...