Ancien orphelin comme il y en a beaucoup dans la province de Goa en Inde, un modeste petit patron sans trop d’instruction ne vit que pour sa boulimie cinématographique, sa boutique d’électronique télévisuelle et son amour sacré et inconditionnel pour sa famille. Pour protéger son adolescente d’ainée contrainte à l’erreur meurtrière, il doit organiser une incroyable stratégie aux mille rouages pour échapper, lui et les siens, à l’enquête de Police, menée d’une main de fer par la redoutable commandante, de surcroit mère de la victime. Grâce à ses innombrables références de films il devra agencer emplois du temps, indices, alibis, manipulations des témoins, des interrogatoires, de leurs recoupements, jusqu’aux erreurs volontaires.
Durant 2H45 on halète sans repos dans un machiavélique et hitchcockien jeu du chat et de la souris face à une Police outrageusement brutale et vicieuse. Ponctué des proverbiaux flashbacks du cinéma indien progressivement révélateurs, le film joue aussi avec les absences de dialogue où seul l’aspect scénique raconte tout à la manière du cinéma muet. Dans un bol permanent de sentimentalisme, de courage et d’honneur, voici un surprenant et long spectacle de tension captivante, sur un fil de rasoir permanent, certes complètement improbable mais absolument jouissif du début à la fin.