Un excellent thriller tenu de bout en bout par l’incroyable faculté de son réalisateur, vraisemblablement influencé par les maîtres occidentaux, Hitchcock, Lang, à tenir un script, assez prévisible au demeurant, en ménageant une tension permanente et une direction d’acteurs impeccable.
Même si ça a parfois tendance à tomber dans la facilité et que ça entretient l’évidence de certains clichés, ce n’est jamais redondant, et c’est dans la singularité du propos, une famille embourbée dans une affaire de meurtre suite à l’agression de la fille aînée, un père qui cherche à protéger les siens, et la manière d’accommoder les ingrédients du genre tout en entretenant un suspense d’une grande efficacité que le réalisateur parvient à rendre ce scénario crédible et à nous faire mettre de côté nos implacables jugements d’occidentaux biberonnés à l’ultra-réalisme.
Comment ? De manière absolument décomplexée s’assumant sans difficultés et par une grande maîtrise formelle des éléments inhérents à ce genre de films, la montée graduelle d’une tension qui tient en haleine jusqu’à la dernière image, la dénonciation non dissimulée d’un système politique basé sur les inégalités de classe et les injustices en découlant, avec notamment les violences policières, cependant tempérées intelligemment en ne faisant aucune généralité, à l’image du policier sadique Gaitonde sans cesse remis en place par son supérieur hiérarchique, tout en mettant notre sens moral à mal quant à la direction que notre empathie naturelle nous fait prendre, Lang n'est pas loin...
Comme entrée dans l’univers d’un cinéma indien alternatif qui sort des clichés habituels affiliés, souvent injustement à cette astronomique production, Drishyam est une excellente porte entrouverte.