Nicolas Winding Refn est compliqué ! Il a beau faire la parité chez les cinéphiles, il ne reste pas moins un réalisateur d’exception. Porté par la sublime trilogie Pusher, l’injustifié Inside Job et le biopic Bronson, sa filmographie soulève clairement une touche particulière pour la mise en scène.
Il s’agit de tout ce dont une œuvre de James Sallis avait besoin pour profiter d’une véritable lecture émotionnelle. La tension qui règne confirme l’atmosphère, lourd et impitoyable où l’intrigue s’engage.
Il aura fallu attendre la formation d’un duo, créant la parfaite symbiose. Ryan Gosling remplit cette tâche au volant de son jeu d’acteur charismatique. Le défi était pur et simple : sublimé par le silence narratif. Et c’est tout gagner avec un atout majeur, un talent dans ce domaine. Le mettre à profit dans un contexte fermé fut surprenante, mais au final, le bluff s’est révélé payant et efficace.
Par ailleurs, ces deux hommes ne sont pas les seuls à pouvoir découvrir une innovation de notre part. Carey Mulligan (Irene) et Bryan Cranston (Shannon) profite de notre intérêt pour s’illustrer et s’affirmer. Cependant, le bon second rôle revient à Albert Brooks. La surprise est à son comble et nous invite à se satisfaire de cet élément clé et maîtrisé dans une narration. Elle qui prend son temps, tout son temps pour laisser à la fois la poussière à contempler et sa flamme animatrice.
Tous ces protagonistes martèlent un grand coup de théâtre sur la scène du classicisme.
Et nul n’aura échapper à la bande sonore enivrante tout droit sorti des années 80. Ces quelques notes de partitions ont permis l’immersion parfaite. On le dit souvent, mais la composition musicale et visuelle sont souvent négligés à tort. Ce film offre la possibilité de se faire apprécier en insistant sur ces points, un jeu de regard et d’écoute pour une ambiance propre.
Malgré la division qui règne autour du metteur en scène, à l’unanimité, nous écoutons et récompensons son « Drive » pour le travail artistique que l’on n’attendait pas !