L’un des nombreux talents de Nicolas Winding Refn est la caractérisation, en une demi-seconde il est capable de faire comprendre aux spectateurs l’essence d’un personnage, que ce soit avec Bronson (une masse de muscle affublé d’une moustache ridicule) ou Valhalla Rising (Un guerrier borgne et muet), sa virtuosité dans ce domaine n’est plus à prouver. Où a-t-il appris cela? Il faut savoir que Nicolas Winding Refn est dyslexique, qu’il n’a appris à lire qu’à l’âge de 13 ans et que sa jeunesse fut baignée par les comics. Et c’est là que cela devient évident ! L’une des raisons pour lesquelles j’adore les comics de super-héros est la caractérisation des personnages, rodé par des dizaines d’années de ligne éditoriale, ils ont des designs chiadés, une personnalité bien marquée, et des univers solides, ce qui permet de rentrer dans l’action dès la première page tourné ! NWR a travers ses yeux d’enfant a su totalement capté cela et a réussi à le restituer dans ces films. Et Drive est à ce jour pour moi son meilleur travail à ce niveau. Tout comme Batman est le chevalier noir de Gotham et Flash l’homme le plus rapide du monde, Ryan Gosling est le Driver, il ne fait que ça et n’est défini que par cela. Tout ce qui en découle par la suite y fait sens. Son blouson blanc qu’il ne met que lors de ses sorties épiques, le scorpion sur dos, son idylle platonique avec sa voisine, son ami estropié, sa galerie de méchant détestable. Nicolas Winding Refn a ici fait un formidable travail sur les images dans leur essence et leur signification, il a réussi ce que d'autre n'arrive pas à faire après 70 ans de décision d'éditoriale. Si je voulais vraiment être pédant, je dirai tout simplement que Drive est la meilleure adaptation de comic book jamais réalisé !