Un bel homme viril, qui conduit bien, très bien même. Il est un cascadeur le jour, un criminel talentueux la nuit. Mais un criminel au grand cœur qui se révèle finalement le dernier espoir d'une gentille famille, victime du sort. Le sentiment que l'on ressent à la première lecture de la synopsis de Drive est sans conteste celui de la banalité, banalité qui s’approche même de l'ennui.
Et puis, on voit la première séquence, saupoudrée d'une bande son devenue mythique. Un Ryan Gosling imperturbable dans son rôle de conducteur nocturne, mais pas impénétrable. Et tout le long du film, on gardera un héros froid, calme et enragé. Même dans l'inévitable dernière séquence, il restera ainsi. Et c'est peut être tout le film qui est représenté par cet Enée des temps modernes: un film froid mais beau, qui nous dépeint une Los Angeles "underground" pleine de charmes et surtout qui nous fait admirer cette figure du héros froid, qui nous fait réfléchir sur les apparences du Bien et du Mal, au moins autant que sur ces notions elles-mêmes.
La scène de l'ascenseur, par exemple, révèle une beauté dans l'acte horrifique que commet Gosling. On s'approche ici d'une poésie du dégoût. Et comment condamner ce héros, ou anti-héros, qui commet un acte terrible juste après avoir déclaré son amour de la plus belle des manières qui soit , dans un panoramique maîtrisé à la perfection. On oscille constamment entre beauté et horreur. Mais au final, c'est la beauté du film qui l'emporte, la beauté d'un scénario qui paraît d'un premier abord cliché, mais formidablement mis en scène et bourré de nuances presque philosophiques si ce n'est humanistes.