Avant d'aller au cinéma le spectateur dispose de plusieurs critères, tous subjectifs au final, qui peuvent l'inciter à aller voir tel ou tel film : la bande annonce, les critiques presses, le tapage médiatique (pour les blockbusters) ou les avis d'internautes ou des amis et/ou membres de la famille.
Le problème avec Drive c'est que si l'on regarde la bande annonce, on croit alors se diriger vers un clone de Fast and Furious avec de l'action, des flingues et des bagnoles. Si l'on regarde les avis sur internet on remarque que beaucoup louent la réalisation du film, son rythme posé tandis que d'autres pestent avoir été trompés par la bande de lancement et s'être ennuyés devant une telle lenteur. Nous voilà guère avancés... d'autant plus que la sortie du film se fait plutôt dans la discrétion, déjà dans l'ombre médiatique du Tintin de Spielberg.
Alors le mieux est d'y aller et de se faire son opinion, quitte à être déçu et regretter son argent perdu.
On y verra effectivement un film au rythme tranquille, presque statique par instant, avec un héros quasi muet. Cette douceur apparente cache quelques moments de pur violence, une sorte de tempête aussi brutale que brève où notre protagoniste tue, écrase et broie des corps humains sans contenance avant de retrouver immédiatement son calme.
Et autant dire que les transitions entre ces phases opposées sont une claque monumentale infligée au spectateur. Voir le "héros" dans l'ombre sortir son visage maculé de sang à la lumière, voir les portes de l'ascenseur se refermer après un massacre à coups d'écrasements faciaux marquant ainsi une frontière entre lui et son nouvel amour, comme une sorte de point de non retour entre eux deux.
La réalisation est vraiment extraordinaire avec des plans de caméra magnifiques, des émotions passant simplement par les silences et les regards et bien sûr les chocs des transitions entre des séquences totalement opposées. Le film s'appuie qui plus est sur une bande son souvent mémorable même si certains morceaux peuvent apparaître en léger décalage avec le ton et l'ambiance du film ; le morceau Nightcall faisant à lui tout seul office de caution d'une bonne bande sonore. Les bruitages ne sont pas en reste et l'on sursautera sûrement lors de la fameuse scène du braquage avec un coup de feu vraiment détonnant et inattendu.
Il est vrai que Drive souffre par contre d'un manque d'ambition dans son scénario, son écriture et ses personnages par moments, loin de ce qu'il a atteint en terme de réalisation, mais au final l'on reste extatique devant une telle réussite et une telle surprise.
A vrai dire, par les temps qui courent, il est très rare d'être étonné et troublé au cinéma, d'en ressortir avec l'impression d'avoir vu un film totalement original et novateur sur certains points ; c'est donc avec d'autant plus de plaisir que l'on ressort d'une séance de Drive, se remémorant avec une pointe de moquerie les avis emplis de déception et de colère des spectateurs étant allés voir le film pour prendre une décharge d'action et des cascades.
Et de se rappeler que quitte à consulter un avis qui sera de toute manière subjectif, autant que ce soit le nôtre !