I'm gonna show you where it's dark but have no fear.
Drive est la preuve même qu'il ne faut jamais se fier à ses préjugés en matière de cinéma. J'avais lu quelques critiques sur SC, j’étais sûre que j'aurais à faire à un film ultra violent, un brin ennuyeux mais potentiellement culte. Faux, faux, et vrai pour le dernier point.
ATTENTION SPOILERS. Et style pas très élevé, vous m'excuserez.
Ce qui ressort de Drive, c’est une ambiance incroyable, magnétique, très eighties, ainsi que de superbes ralentis, une musique rétro et des décors qui sentent bon les Etats Unis ! Ce n'est pas sans rappeler David Lynch. On sent que Refn doit être un sacré maniaque, tant chaque cadrage, chaque image, chaque scène semblent savamment millimétrés. D’un point de vue technique, le film est vraiment jouissif. Cette atmosphère nocturne, cette tension constante, et ce « style » de la part du cinéaste...Je ne m'attendais pas à un tel choc esthétique. Il y a de grandes chances que ce film devienne culte, et il l’est probablement déjà un peu.
Vous l’attendiez, la voici. La fameuse scène de l’ascenseur, si souvent citée sur SC. J’imaginais voir un mec se faire exploser la tête dans un coin et cela ne me donnait pas spécialement envie de voir le film. Et bien, quelle surprise ! Comme l’ensemble du film, c’est d’un romantisme ! Le contraste criant entre ce doux baiser et la suite des événements en fait déjà une scène d’anthologie. Drive n’est pas le film ultra violent que j’avais imaginé mais bel et bien une histoire d’amour, parfois presque naïve.
La construction du film est extrêmement ingénieuse, joue constamment avec les émotions du spectateur. On sent très bien que Refn veut nous bousculer un peu, nous pousser dans nos retranchements, nous surprendre sans cesse. Le film commence par une course poursuite avec les forces de l’ordre, devient ensuite une bluette sentimentale et se transforme bien vite en un engrenage de violence toujours plus impressionnant. Le début est très lent, on se dit « ouais, t’es bien gentil Refn, mais il ne se passe rien dans ton film ». Mais dès que cela commence sérieusement à merder dans le motel avec cette pauvre Christina Hendricks (Ryan Gosling nous fait toutes perdre la tête dîtes donc ! Pardonnez mon humour pourri), c’est bon, toute la puissance du film se révèle. En soi, le scénario n’a rien d’extraordinaire. Il est même carrément banal. Mais le style, l’atmosphère, les acteurs transcendent cette simple histoire de maffieux et l'érigent au rang d’œuvre d'art. Rien que ça.
Drive est pile ce que j’aime au cinéma. Rien n’est surligné, Refn ne nous dit pas : « vas y, spectateur, PLEURE ! ». Peu de dialogues, un personnage principal peu loquace, le tout est très contemplatif et assez sobre. La marque des grands réalisateurs, c’est bien de faire passer les émotions rien que par les images, sans rien dire. Cela s’applique totalement à Drive. On comprend nombre des sentiments qui agitent le personnage rien que dans le regard de Ryan Gosling. C’est tout de même très fort de faire un film aussi intense en 1H40 alors qu’il ne se passe pas grand chose et que le personnage principal n’a même pas de nom.
Je suis juste obligée de consacrer un paragraphe à Ryan Gosling (*mode groupie on*). C’est un excellent choix que de lui avoir confié ce rôle. Pourquoi ? Parce qu'il est l’acteur sympathique par excellence. Pas effrayant ou sombre pour un sou. On ne l’imagine pas vraiment broyer des têtes dans des ascenseurs. Il y a des acteurs qui ont des gueules de « méchants », on ne va pas dire que c’est le cas de Gosling. D’où l’énorme surprise qu’on a quand il commence à zigouiller des types ultra violemment. Le personnage n’est même pas antipathique. Impossible de ne pas avoir de la compassion pour lui. Quand il passe un dernier coup de téléphone à Irène, je vous défie de dire que vous n’avez pas envie de sauter dans ses bras. Je plaisante, mais avouez que ce personnage est fascinant. Violent et romantique, mutique et en même temps tellement expressif…Chapeau Ryan.
Un prix à Cannes totalement mérité. Film passé un peu inaperçu aux Oscars mais ces imbéciles ont bien ignoré Malick, alors…
Ryan, tu as une petite place pour moi, dans ta voiture ?