Ethan Coen n'a évidemment pas tourné seul Drive-Away Dolls, puisque le film a été coécrit avec son épouse, Tricia Cooke, qui en a assuré le montage. Oui, mais voilà, sans son grand frère Joel, enfin émancipé à l'âge de la retraite, la question était de savoir comment le cadet des Coen allait se distinguer par rapport à l’œuvre commune. Disons que la surprise n'est pas considérable avec cette série B bien rythmée et pas avare en situations absurdes et en dialogues assez souvent réjouissants. Le scénario ne nécessite pas d'avoir fait de hautes études pour en saisir les éventuelles nuances, le récit s'articulant autour d'une course-poursuite d'un duo de voyous pas très futés sur les traces de deux jeunes femmes lesbiennes. Il vaut mieux passer sous silence un certain nombre de détails graveleux, censés épicer l'intrigue, et dont la vulgarité est parfaitement assumée, de même que la volonté de montrer une communauté de femmes préférant les femmes, à la parole libérée, quitte à les faire passer pour obsédées. Par ailleurs, Ethan serait bienvenu d'expliquer l'intérêt des séquences psychédéliques qui servent de transition aux différents chapitres de l'histoire. Faire la fine bouche devant Drive-Away Dolls est naturel, eu égard aux attentes légitimes, mais la chose est divertissante et sans prétention alors que les deux actrices principales, Margaret Qualley et Geraldine Viswanathan, démontrent un talent et un culot évidents pour garder solidement le cap dans des aventures aussi improbables et des dialogues aussi délurés.