Ryusuke Hamaguchi revenait à nous en cette année 2021, après avoir déjà empoché le Grand Prix du Jury de la Berlinale de cette même année pour Contes Du Hasard & Autres Fantaisies un omnibus dont attend la diffusion dans nos contrées française, en récupérant pas moins de 4 prix à cannes dont le prix de l'AFCAE (Association Français Des Cinéma Arts & Essais) et le prix du scénario de la compétition officielle pour son nouveau long métrage, Drive My Car
Etant passionné par les précédentes réalisations de Ryusuke Hamaguchi qui nous sont parvenus en France, mon impatience fut très grande lorsque j'ai appris l'existence de ce métrage.
Est-ce que mes grandes attentes ont été comblés ? Voyons voir.


Le speech tel qu'utilisé pour sa promotion se repose sur la rencontre entre un homme et une femme qu'on lui met pour chauffeur, ce qui finirai par les faire se dévoiler et faire face à leurs fissures personnelles propres à chacun. Le film va, en réalité, beaucoup beaucoup plus loin, et prend un départ surprenant bien en amont de cette rencontre.


Sans le dévoiler outre mesure, la 1ere partie clairement voulu comme un prologue dure environ 40 minutes. Et c'est bien au bout de ces 40 minutes que le générique de "début" du film se lancera.
Prologue qui se focalise sur le passé du protagoniste masculin de la rencontre évoqué par le speech évoqué au paragraphe précédent. Prologue qui nous présente très bien notre protagoniste principal, le passé sur lequel le gros du film va jouer ensuite, l'importance de cette fameuse Saab 900 Turbo, et même déjà y glisser un personnage clé de la partie principale du métrage.
Enormément d'autres éléments vont être mis en place, mais qui n'auront d'impact que bien plus tard. La fin de ce prologue, que je ne peux raconter sans spoiler, va fissurer fortement notre protagoniste. Une importante ellipse temporelle succède à ces évènements, lançant le cœur du métrage.


Le plus fascinant dans ce film, est la maitrise absolue des personnages mis en avants. Tous les personnages avec de l'importance sont écrits avec une finesse, et une vérité palpable. Certains en sont particulièrement bouleversants, donnant des scènes majeurs hallucinantes de beauté. (en témoigne l'une des dernière scènes du film, un monologue qui touche autant le spectateur que le personnage qu'il le reçoit). Le personnage principal est développé sur l'ensemble des 3h du métrage, toutes ses failles psychologiques exploités, ses relations, son passée, y passent, questionnent. Son chauffeur va se révéler être tout aussi intéressante à suivre, avec ses propres failles, son propre passé, qui fera évidement écho à celui de notre protagoniste.


La mise en scène est aussi belle, élaboré que douce, agréable et efficace. Tout est mis constamment en valeur, sans jamais rechercher l'esthétique pour l'esthétique. La mise en scène est sans cesse au service des personnages et du scénario. Les envolées prennent un sens tout particulier, donnant d'autant plus corps aux émotions.


Dans ce scénario primé, il est justement question des émotions, des sentiments, des silences, des non-dits, comme toujours chez Ryusuke Hamguchi. Ce métrage prouve encore une fois pour toute qu'il est passé maitre dans l'art de capter l'intime. Dès Passion en 2008, il faisait preuve d'une maitrise certaine pour cela, il n'a eu cesse depuis d'emprunter ce chemin.
Ses dialogues vont au delà du texte lui-même, les personnages vont faire corps avec, en y apportant une réponse, le texte sert au final d'amplificateur de la prise de conscience, de la réflexion de soi. Durant tout le métrage il y est question de théâtre et notamment d'une pièce de Tchekhov, l'un des personnages dira notamment qu'il faut pas jouer le texte mais clairement le recevoir et y répondre, ce que je ressens en regardant les films de Hamaguchi.
La Saab 900 Turbo servira également pour les confessions, pour jouer elle aussi ce rôle d'amplificateur. Cette voiture en devient un personnage silencieux à part entière, tant elle sera le théâtre privilégié de l'évolution des personnages.
Ce récit est un théâtre de la vie, de la difficulté de faire face à ses sentiments, à ses angoisses, et j'avais beau m'attendre à quelques chose de ce tonneau là en allant voir ce film je ne m'attendais pour autant pas à que cela prennent de tels proportions.


Il reste un point majeur non abordé jusqu'ici et pourtant absolument primordiale dans la folle réussite de ce métrage : les acteurs. La justesse du jeu à chacun des membres de ce casting me fascine tout autant. Personne ne fait tâche, tous font preuves d'une maitrise et pourtant paraissent si naturels à l'écran. Il serait long et fastidieux de tous les cités mais il est nécessaire de tous les célébrés tant ils sont une partie importante de ce métrage. Plus que l'acteur principal lui même, ce dernier est fantastique pourtant pour vous donner le niveau, c'est Yoo-Rim Park dont je ne dévoilerai pas le rôle ici et Toko Miura qui a le rôle de Misaki la conductrice qui en ressortent quand même le plus, me fascinant à chaque instant, à chaque image.


Pour conclure, ces 3 heures là auxquelles j'ai accordées avec le plus grand des plaisirs une seconde séance avant d'écrire cette critique sont parmi les plus précieuses de cette année.
Ryusuke Hamguchi nous livre ici un métrage d'une incroyable maitrise, d'une incroyable finesse et qui ne donnent jamais l'impression qu'on y passe 3 heures tant c'est fascinant.
C'est une nouvelle pépite pour un réalisateur se plaçant très haut dans mon cœur de cinéphile, que j'encourage évidement à voir et à revoir.

Win-Green
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le 4 sept. 2021

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Win-Green

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