Sans formalisme ni effets de trop, c'est dans la plus impressionnante placidité et simplicité que Ryusuke Hamaguchi filme l'évidence, cadre le beau, prend son temps (le générique d'ouverture n'arrivant qu'à la suite d'un superbe prologue sensuel de 40 minutes) , et, par l'ambigu jeu de la fiction dans la fiction (ici Tchekov comme révélateur d'une solution) , nous trouble, nous charme et nous apaise.
Vrai chef d'œuvre comme on en n'avait pas vu depuis longtemps, Drive My Car plonge profond dans l'âme, pour parler du plus commun (l'amour, le deuil, le besoin de reconnaissance et celui de se raconter des histoires,... ), et réussir à toucher droit au cœur, pour faire du spectateur qui sortira ému et enchanté de ces 3 heures qui auraient pu durer éternellement quelqu'un de meilleur (et c'est bien là le but même du Cinéma).
Hamaguchi, en creusant son sillon artistique entre réalisme et poésie, au style flottant et captivant (à l'image de la séquence d'ouverture, fascinante), fait une nouvelle fois preuve d'une maîtrise absolue de son œuvre, et démontre qu'il est l'un des réalisateurs contemporains les plus intéressants et importants.