Alors qu'il n'arrive toujours pas à se remettre de la mort de sa femme, Yusuke Kafuku, acteur et metteur en scène de théâtre, accepte de monter Oncle Vania dans un festival, à Hiroshima. Il y fait la connaissance de Misaki, une jeune femme réservée qu'on lui a assignée comme chauffeure. Au fil des trajets, la sincérité croissante de leurs échanges les oblige à faire face à leur passé.
Drive my car est un drame psychologique japonais de Ryusuke Hamaguchi de 2021.
De tous les films que je connais du réalisateur, Drive my car est celui que j'ai préféré.
Le film tourne autour de Yusuke, acteur et réalisateur, veuf depuis 2 ans. Parti à Hiroshima pour monter une pièce, il rencontre différents acteurs parlant des langues différentes (Japonais, Coréen, Mandarin, Langage des signes) lors de l'audition. Il va aussi croiser des fantômes du passé.
Yusuke et sa femme Oto, actrice et scénariste ont perdu leur fille. Si le couple a survécu à la mort de leur enfant, Oto a commencé à devenir infidèle. Oto aime créer des scénarios un peu tordus et érotiques. Yususke la surprend avec son dernier jeune amant, Takatsuki. Ce n'est pas la première fois même si elle n'en sait rien.
Très épris d'elle, il tolère ses écarts répétés sans réagir, de peur de la perdre. Oto est emportée brutalement par une embolie. 2 ans plus tard, il part à Hiroshima monter une pièce de théâtre où il croise Takatsuki, le dernier amant de sa femme. Celui ci est un coureur de jupons et un jeune homme sur de lui et impulsif dont la réputation est mise à mal à cause d'une liaison avec une mineure. Yusuke est véhiculé sur place par Misaki, conductrice professionnelle. Yusuke et Misaki vont apprendre à mieux se connaitre et à partager leur passé tourmenté. Si Yusuke se sent responsable de la mort de sa femme pour être rentré trop tard chez lui ce jour là, Misaki a laissé sa mère mourir dans la maison de famille lors d'un glissement de terrain. Les 2 protagonistes, tous 2 à la dérive en dépit des apparences, sont hantés par la culpabilité d'avoir laissé mourir leurs proches.
Drive my car est un film subtil qui prend son temps. Avec ce réalisateur, le spectateur sait d'entrée qu'il est embarqué dans un voyage au long cours (Senses, Asako...). On y voit Yusuke au volant avec sa femme Oto puis le même Yusuke véhiculé par Misaki. Les scènes de conduites sont autant de moments d'échanges, de complicité ou de travail (Yusuke répète en conduisant Oncle Vania de Tchekhov).
Drive my car est comme une poupée russe. Le film consacré à l'intime de ses personnages, déroule petit à petit ses arcs narratifs autour de ses personnages principaux (Yusuke, Misaki,Takatsuki...) avec comme toile de fond la mise en scène de la pièce de théâtre dans cette société japonaise où le paraître prime l'être, avec un poids écrasant des conventions sociales.
Comme une catharsis, le montage de la pièce libère la parole des protagonistes qui disent souvent des choses précieuses et font l'économie de propos inutiles durant ce long métrage de près de 3 heures. C'est essentiel dans cette société japonaise, disciplinée et policée, où l'on garde tant de choses pour soi. Personnellement, j'étais "suspendu" à certaines tirades très intenses des différents protagonistes, notamment lors du dernier tiers du film.
Jusqu'au terme du film, Drive my car dispense des informations au spectateur qui, au fil du film, est devenu un familier des personnages, apportant toujours plus de valeur ajoutée à celui ci.
Coté interprétation, le film repose sur des personnages complexes interprétés par des acteurs doués: Yusuke, le mari malheureux (Impeccable Hidetoshi Nishijima), Misaki, la conductrice professionnelle mutique (Toko Miura), Oto, artiste et femme secrète (Reika Kirishima) ou l'ex danseuse devenue actrice, la lumineuse et muette Lee Yon aa (Yo Rim-Park).
Ma note: 8/10