115eme film de l'année et découverte de ce métrage qui m'a été chaudement recommandé et pour le coup à juste titre!
On suit l'histoire de Yusuke Kafuku, acteur et metteur en scène de théâtre alors qu'il n'arrive toujours pas à se remettre d'un drame personnel, qui accepte de monter Oncle Vania dans un festival, à Hiroshima. Il y fait la connaissance de Misaki, une jeune femme réservée qu'on lui a assignée comme chauffeure. Au fil des trajets, la sincérité croissante de leurs échanges les oblige à faire face à leur passé.
Après son "Asako I&II" que j'avais particulièrement aimé, j'étais curieux de voir une nouvelle œuvre de Ryusuke Hamaguchi, fraichement auréolé du Prix du scénario au festival de Cannes 2021 et qui une nouvelle fois aime placer ses acteurs au cœur de son récit.
Je vous avouerai que cela fait plusieurs jours que je suis sur cette critique tant il met difficile de mettre des mots sur cette proposition filmique.
En effet, je sais que j'ai aimé le métrage et que celui-ci est bien fait et parfaitement interprété mais j'ai du mal à mettre des mots sur son déroulement et comment rendre justice à cette œuvre. Dire que c'est l'histoire de cet être qui a tout perdu qui finalement trimballe sa peine à travers de longs trajets en voiture, à la foi symbole de connexion entre ses histoires passées et futures/la fiction et le réel/ l'intime et le public/l'amour et le travail, me semble trop parcellaire et réducteur pour être correspondant à ce qu'il se dégage du film.
Si je devais essayer de résumer l'histoire, c'est l'histoire d'un homme, meurtri par les épreuves de la vie, qui se construit une carapace en se plongeant dans son travail d'artiste qui lui permet en même temps de catalyser ses émotions, de rester connecter avec ce qu'il a perdu grâce à ces longs trajets en voiture, tout en lui permettant d'avancer dans la vie et de faire le deuil de sa vie d'avant. Quand l'art devient médecine et les interactions avec les gens qui l'entourent lui permettant de mieux apprécier la vie et de diagnostiquer la sienne. Le tout enrobé dans une certaine poésie urbaine et contemporaine.
Avec un tempo de narration lent, le réalisateur prend la peine de filmer le quotidien du protagoniste permettant au spectateur de comprendre la psyché, les émotions de celui-ci tout en s'imprégnant de l'univers ambiant, dévoilé par l'œil de la caméra en toute simplicité sans mouvement inutile.
Les personnages, eux mêmes, sont aussi très épurés dans leurs caractéristiques respectives avec des émotions marquées par une certaine retenue. Tout est dans le non dit, la métaphore. L'ensemble du casting fait vraiment un travail d'interprétation tant physique que verbale avec une présence pour certains d'entre eux magnétique. Félicitation à eux.
Visuellement beau avec des plans travaillées même en mouvement, j'ai apprécié la photographie et mise en lumière ainsi que la composition des cadres qui m'ont semblé épousé l'envie de créer un cadre harmonieux mais très naturel sans recherche d'un quelconque effet "Wahoo".
Au niveau sonore, c'est aussi impeccable avec un mixage et bruitage de très bonne qualité.
Au final, c'est un très bon métrage, immersif, fait avec une certaine humilité et minimaliste reflétant une façon d'être très asiatique et plus spécifiquement japonaise qui se traduit par des personnages très ancrés dans le réel avec une brillante interprétation collective du casting qui arrive à rentrer dans le moule pour servir le récit de la meilleur des manières.
J'ai beaucoup apprécié le métrage et même si ce n'est pas du tout la meilleur de mes critiques, loin de là, je vous encourage vivement à le découvrir.
Je reste persuader que vous auriez de meilleurs mots que moi pour défendre et faire vivre cette œuvre qui mérite d'être vu.
A découvrir par tous.