Le seul avantage avec les films nullissimes, c'est qu'ils permettent de relativiser tous les titres médiocres que vous avez pu voir auparavant. Il est peu dire que « Drôles de zèbres » en fait partie, le désastre et la honte imprégnant quasiment chaque plan. Guy Lux, star de la télévision de l'époque, s'est mis en tête de réaliser un film, pas un bon hein, juste un film. Seulement, contrairement à ce qu'il a peut-être pensé, on ne s'improvise pas metteur en scène, et encore moins lorsqu'on a pas la moindre idée de comment fonctionne le cinéma. Je me demande encore comment est-il possible de commettre un tel sacrilège sans le moindre complexe, avec pour seul et unique objectif de « faire un film ».
Techniquement pitoyable et visuellement immonde, « Drôles de zèbres » est absolument navrant de la première à la dernière minute, se complaisant dans le n'importe quoi entre un « scénario » digne d'un enfant de CP et des gags en-dessous de zéro que même vous n'osez pas faire avec vos potes lors d'une soirée bien arrosée. Au milieu de tout ça, quelques copains de l'animateur venus ajouter leur nom au générique sans se donner la peine d'être bons, le but étant surtout d'en faire 1000 fois trop (Patrick Préjean, Sim, Alice Sapritch, Mario David, Patrick Topaloff, entre autres) et d'autres dont la présence n'a strictement aucun rapport avec « l'intrigue », ajoutant à l'ignominie de l'entreprise encore plus d'ennui et de lourdeurs incommensurables (Coluche, Annie Cordy, André Pousse, Raymond Bussières, Michel Leeb, Petula Clark).
Et je passerai sous silence cette histoire d'expérimentation scientifique transformant malencontreusement certains chevaux en zèbres, car sinon je vais devenir fou... On dirait que Philippe Clair a voulu réaliser un film avec l'esprit des Marx Brothers, mais sans les Marx Brothers ni le talent du quart de l'ongle du doigt de pied de Groucho, l'esprit absurde dominant l'« oeuvre » s'avérant surtout une souffrance de tous les instants. Que rajouter, si ce n'est que « Drôles de zèbres » est sans doute l'une des pires incarnations de ce que pouvait faire la comédie française dans les années 70 : un scandale, une véritable insulte.