På din !
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Avec ce concept, Vinterberg aurait pu tomber dans la facilité d’un film totalement fou, décalé et alimentant les idées les plus folles à un rythme trépidant. Il préfère s’appliquer, brosser avec soin la caractérisation des protagonistes et développer en douceur un environnement social vidé de passion. Sans sombrer dans la fatalité, « Drunk » dresse le portrait d’une génération amère qui semble ne pas avoir tenu toutes ses promesses. Derrière le rire et l’amitié se cache une mélancolie pesante qui ouvre les failles. Cette théorie sur l’alcool est donc autant un moyen de lâcher prise que de tenter une expérience qui pourrait faire peau neuve.
« Drunk » n’est ni un discours sulfureux sur les conduites à risque, ni un plaidoyer contre l’alcool : il est un entre-deux malicieux qui permet au récit d’emprunter une narration réservant son lot de surprises. Le casting, formidable, porte de nombreuses nuances émotionnelles, à commencer par Mads Mikkelsen en professeur d’Histoire désabusé voulant ranimer la flamme de son métier. Chaque jour porté avec l’alcool va avoir une résonance profonde sur leur façon d’être et leur rapport à l’autre, à la famille et aux élèves. Évidemment, l’expérience va aller trop loin et engendrer des dérives. Encore une fois sur ce point, le film évite le moralisme pour avoir un constat plus profond et émouvant.
Cette ivresse de moins en moins contrôlée par ce groupe met surtout en lumière des individus frappés par la morosité, l’immobilisme et l’incapacité de se remettre en question, au point de se désintérêt de soi et des autres. Certaines séquences poignantes comme celles en famille ou avec des élèves en détresse sont des clefs pour montrer qu’il n’y a pas besoin d’artifice comme l’alcool. Ce sont nos choix, nos actions, notre posture et notre capacité d’ouverture qui permettent de transcender les crises existentielles. Lâcher prise finalement, ce n’est pas être ivre, c’est fêter la fin d’un jour et celui du lendemain plein de promesses.
« Drunk » est un film galvanisant, tendre et pertinent sur sa façon de porter une humanité qui peut encore croire à l’avenir. C’est finalement l’histoire de pères et d’aînés qui acceptent de reprendre leur place d’exception : celle qui permet de montrer la voie aux futures générations. Le monde est en perpétuel changement et si cela semble parfois pour le pire, le film préfère alors trinquer à l’espoir, à la solidarité et à l’ouverture dans la joie, l’amusement et la dévotion.
Créée
le 26 févr. 2021
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