På din !
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Il est difficile pour nous Français de comprendre réellement ce qui se joue derrière ce film qui parle d'amitié, d'alcool, de crise existentielle, sans comprendre la place qu'occupe l'alcool dans la société Danoise. En effet, contrairement aux autres pays du nord de l'Europe peu permissifs sur le sujet, le Danemark n'a jamais banni l'alcool, et comme le montre l'ouverture de Drunk, s'alcooliser dans la rue à la fin des études n'est pas répréhensible, c'est même une tradition. Se retrouver au bar le vendredi soir est aussi dans la norme, quitte à boire du lait toute la semaine. Revers de la médaille, l'alcoolisme est un fléau dont les Danois commencent à se prévenir. Cela dit, leur consommation reste en dessous de la notre... Drunk arrive donc dans un contexte ou l'alcool n'a plus bonne presse ; comme à Copenhague où le maire veut en finir avec la vente libre d'alcool dans certains quartiers festifs. Ca c'est le décor ; le contexte maintenant : quatre copains qui arrivent à la crise existentielle de mi vie. On n'a plus le même dynamisme, les habitudes, le quotidien, le travail, le couple, les enfants ont changé les parcours, et c'est la déprime existentielle qui pointe son nez. Alors quand l'un d'eux s'empare d'une théorie fumeuse, les quatre s'engouffrent dedans sous prétexte d'expérimentation alors qu'au fond il s'agit de retrouver un semblant de jeunesse avec une vie qui semble avoir du sens... La fête peut démarrer, et ça semble marcher un temps. L'occasion de découvrir que nombre de gens qui ont marqués l'histoire des arts, mais aussi de la politique buvaient assez régulièrement. Tentative de justifier que l'être humain aura toujours besoin d'un petit coup de pouce pour se donner du courage et se dépasser. Franchement, qui ne l'a jamais fait ? Parce que rester sobre quand les autres ne le sont pas et difficile à vivre ; la scène du repas d'anniversaire avec Martin coincé derrière son verre d'eau, et visiblement une souffrance. La distance entre son eau plate et la Vodka de ses amis est quasi infranchissable. D'ailleurs d'entrée, on devine dans l'attitude de Martin d'autres failles, d'autres empêchements qui ne vont pas tarder à apparaitre (un art dans lequel Vinterberg excelle). La fuite en avant des quatre compères va donc tourner de la farce au drame ; et pourrait-il en être autrement nous susurre le moraliste qui vit en chacun de nous ? D'autant que le petit "binoclard" de l'équipe de foot de Tommy illustre bien que souvent pour se dépasser, nul besoin d'artifice, il faut juste que d'autres croient en nous plus que nous même... Le film pourrait s'arrêter là, dans le sombre d'un enterrement, d'une réconciliation qui ne vient pas, dans le retour à la norme. Mais Thomas Vinterberg relance la machine pour le final pour éviter justement que le moralisme ne l'emporte et c'est dans une fête de rue que Martin va enfin lâcher prise et donner tout ce qu'il lui reste de ses paradis perdus (étonnante prestation de Mads Mikkelsen). Alors la morale de l'histoire ? Aurait-il remis sa vie en question sans cet intermède liquoreux ? Parfois l'excès fait vivre ou fait revivre... A chacun d'en penser ce qu'il souhaite, mais l'être humain aura toujours besoin de trouver un moyen de s'échapper de son carcan de solitude, et que quoi qu'on en pense, l'alcool permet cela. Et n'oublions pas que tous les sociétés qui ont voulu interdire l'alcool n'y ont jamais réussi... Vivre sans excès, mais s'en autoriser de temps à autres semblent être la voie à suivre, et c'est ce qu'il me semble devoir retenir de ce film.
Créée
le 30 mai 2021
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