Pappas et Dubois sont deux tueurs à gages aussi incompétents qu'inséparables.En dépit de leur nullité ils jouissent d'une grosse réputation dans le Milieu car ils réussissent généralement leurs missions grâce à une chance invraisemblable qui passe auprès de leurs commanditaires pour du talent.C'est pourquoi Laguerre,à la tête d'une organisation criminelle,les embauche pour qu'ils l'aident dans sa lutte contre le gang rival dont le chef est un certain Magnum.Un polar humoristique relatant un conflit entre deux gangs,avec Bernard Blier,Jean Lefebvre et Francis Blanche,ça ne vous rappelle rien?Sauf que "Les tontons flingueurs",sorti quatre ans auparavant,était d'un tout autre gabarit.Louis Grospierre,qui a essentiellement fait carrière à la télévision,n'arrive pas à la cheville de Lautner et sa réalisation molle et lourde confère au film une lenteur épouvantable qui contribue à donner une oeuvre ennuyeuse qui malgré sa durée modeste,moins d'une heure trente,fait paraître le temps bien long.D'autre part René Havard,qui signe scénario et dialogues,n'est pas non plus Audiard et son humour tombe systématiquement à plat.Cette coprod franco-italienne est en outre bercée d'une clownesque musique jazzy de Claude Bolling assortie pour lier les scènes de morceaux d'une chanson nulle et débile.En fin de compte on jurerait avoir affaire à un film expérimental complètement raté,un peu comme si Godard avait shooté un remake de "Ne nous fâchons pas".Il s'agit d'une comédie pas drôle,répétitive et prévisible,couplée à un polar sans substance et sans enjeu,avec néanmoins des prétentions sociologiques.Les séquences sont étirées au maximum,les personnages sont ridicules,l'histoire est débitée en morceaux peu cohérents mais on trouve cependant ici une vision intéressante de la France gaullienne de ces sixties finissantes attaquée par l'urbanisation massive.Tout est filmé dans des banlieues où poussent des immeubles HLM de tous côtés,une partie du film se déroulant même dans le chantier d'une cité en construction.Ce qui est amusant est qu'on ne voit là que des blancs,ce qui parait baroque vu d'aujourd'hui.Dans ces zones ce n'est pas un grand remplacement qui a eu lieu,c'est un remplacement total.De très bons acteurs sont présents mais,accablés par la bêtise ambiante,ils sont affreusement mauvais.Blier et Lefebvre jouent de façon apathique leur petit couple de tueurs vivant et travaillant ensemble.Si on ne les voyait pas attirés à un moment par des femmes on prendrait ça pour de la propagande homo d'avant-garde,d'autant que Michel Serrault surgit le temps d'une scène en armurier folasse.Francis Blanche fait le minimum syndical et Corinne Marchand a l'air,à juste titre,de se demander où elle est tombée.Les chefs de gang sont incarnés par l'italien Gastone Moschin,qu'on n'a jamais vu aussi nul,et l'américain Marc Lawrence,tout aussi déplorable.Peut-être l'effet de la barrière linguistique.Parmi les utilités se détachent les tronches pas possibles d'André Badin et surtout de Sébastien Floche,l'homme au chien qui retrouve toujours et partout les deux héros,incarnant impassiblement leur mauvais karma.