Après avoir vu "L'homme de la plaine" qui est franchement fade, malgré un James Stewart éblouissant (oulà je m'emporte), j'hésitais à renouveler l'expérience "Anthony Mann". De plus, étant considéré comme un élément mineur de la filmographie de Anthony Mann, j'avais quelques réticences. Et vraiment ça aurait été dommage de m'en arrêter là.
Anthony Mann réunit ici à peu près tous les personnages d'un western ordinaire: un chasseur de prime, un jeune shérif, une veuve et son garçon insouciant, une bande de fous furieux compulsifs de la gâchette, et bien-sur un gentil médecin.
Fonda incarne le héros solitaire et dur comme un roc "Morg Hickman", Perkins incarne plutôt le jeune et fragile shérif Ben. L'un l'expérience, l'autre l'apprenti. L'un le désillusionné l'autre l'optimiste insouciant.
Mais bien plus qu'un rapport maître-élève qui les lie, Fonda et Perkins qui de prime abord sont très différents, vont s'unir autour d'une cause... rétablir le calme et le respect de la loi dans un monde de vendetta et de règlements de comptes incessants.
Le duo qu'ils forment est agréable et ne tombe lui au contraire, jamais dans le cliché. Fonda reste de marbre quoiqu'il arrive même s'il a beaucoup d'affection pour le jeune shérif timide. Ensuite le parallèle entre le fils de la veuve qu'il protège et le jeune shérif est assez intelligent car il permet de découvrir le bon fond de Morg, qu'il dissimule en permanence. Tendre avec l'enfant et dur avec son élève Ben, Morg est un être subtil qui sait comment se comporter avec les individus. Plus qu'il n'agit, il observe la nature humaine et apprend à Ben les rudiments du métier de Shérif. Innocent, insouciant, timoré et réservé le shérif au contact de Morg va apprendre à devenir un parfait shérif qui sait regrouper autour de lui les foules mais également se faire craindre de ses rivaux.
Mann évoque ici également la tâche du shérif, entre le devoir de faire régner l'ordre et le pouvoir. Si certains ne voient là qu'un moyen d'asseoir leur puissance d'autres tentent de rendre ce monde plus moral, plus juste aussi.
Si le film est assez captivant, il le doit à l'interprétation sidérante de Fonda. Sa performance est parfaite et en fait oublier un scénario un peu simple. Si la prestation de Perkins parait peu convaincante, il réussit à rendre son personnage à la fois touchant (par son optimisme) et antipathique par l'air dur qu'il se donne. Même si son jeu est en filigrane par rapport à celui de Fonda, il reste je trouve, assez juste.
Le film fait découvrir aussi un acteur peu connu mais très intéressant, Neville Brand dans un rôle de brute assoiffée de sang parfaitement joué à la différence d'un Lee Van Cleef peu intéressant. C'est à grand regret quand on connaît ce dont il est capable.