J'avais rarement vu un film aussi beau et cruel à la fois sur l'amitié de deux jeunes filles, qui avant de s'opposer au monde impitoyable des adultes, s'aiment et affrontent les difficultés de l'enfance sans cette affreuse impression de différence, que j'ai connu, que l'on a tous connu. Je n'avais pas vu si poétique et rustre, si enfantin et profondément axé vers/pour les parents, si réaliste et si fantasmé à la fois, si délicat et pourtant douloureux depuis Créatures célestes de Peter Jackson - et le meilleur rôle de Kate Winslet à ce jour avec son personnage dans Eternal Sunshine.
Il y a cette particularité essentielle dans Du vent dans des mollets, adaptation réussie de la tête aux pieds, c'est sentir que le film adopte un regard d'enfant. Et pas seulement dans le script, ni dans l'idée farfelue de n'adopter qu'un seul point de vue, ce qui ne donnerait qu'un seul et même sujet. Des plans en passant par le cadre, la poésie et ce montage agréable, les deux jeunes actrices attendrissantes et leur jeu naturel. Cet esprit d'insouciance et de toute-puissance, on le retrouve aussi chez les adultes, avec cette institutrice lubrique et moquée, notre couple ou la jeune mère de famille qui, à aucun moment, ne montent sur leurs grands chevaux. Il n'y a pas d'affrontements, de haine, il n'y a que de l'espoir et de la désillusion.
Un très bon film que ce Du vent sur mes mollets, dont le titre prend tout son sens en toute fin - et si vous n’étiez pas en train de pleurer, Barbara, lors du générique, s'en chargera pour vous. J'ai cru que Benjamin Biolay allait faire une apparition après l'écran noir et pleurer du sang. Si l'image de l'enfance est plutôt subtile et doucereuse, celle du couple et de la lassitude est encore plus habile, laissant au spectateur de la tendresse plutôt que du pathos, et un certain entrain pour ce quotidien désincarné.
En bref, je vous conseille ce film sur l'amitié, le partage, la reconnaissance, le regard de ceux qui aiment et nous aiment. Agnès Jaoui est exceptionnelle, tant de ressemblances avec Valérie Benguigui, Denis Podalydès (de la Comédie-Française) est bon, Isabelle Carré bouleversante parfois (quand ne l'est-elle pas, sincèrement, cette femme), on prend du plaisir devant ce conte enfantin, où certains se reconnaîtront, ou d'autres reconnaîtront leurs chérubins. Mignon.