L'horreur de l'inattendu.
Cette route confinée de telle manière à exercer une oppression sur le conducteur.
Alliée du gros bolide fou, elle pousse l'homme à lunettes à s'égarer quelques fois.
Il s'arrête un petit temps pour se remplir l'estomac, puis une autre fois pour remplir celui de sa voiture dans une station à essence.
D'un bout à l'autre, l'affrontement prend les traits d'un jeu. Quand l'un fait une pause, l'autre attend... sagement ? Pas vraiment, puisque le camion pourchassant va devenir de plus en plus terrible envers le pourchassé.
Autrement dit, Duel singularise les premiers pas plus que prometteurs de Steven Spielberg. Il avait déjà tout compris au processus du suspens. Comment il fallait lui donner du sens et de la matière. Et dire que le tournage a duré moins de deux semaines... J'appelle ça un fou de la pellicule !
De ce fait, avec un scénario au caractère rachitique, il parvient à conférer un charme unique à ce film quoi que, supportant des longueurs déroutantes et une action qui se répète, il n'est pas passé loin de me lasser.
J'ai aimé cette façon qu'a David Mann à s'imaginer la suite en communiquant ses pensées, ou en se questionnant sur la façon dont cela va se dérouler. La scène dans le restaurant l'illustre bien.
Il est parfois très con dans ses choix (rah, la voix française est ringarde ! Elle ne fait qu'accentuer le côté autiste du personnage), mais c'était surement voulu pour ainsi contraster avec le tempérament qu'il a face à l'adversité. Elle est sa seule arme, et il en use jusqu'au dernier face à face.
Le Duel bouscule la routine de cet être somme toute banal qui pensait se diriger normalement vers son boulot.
Le Duel c'est l'horreur qu'on ne voit qu'au virage, personnifiée dans un Peterbilt 351 rouillé et fantomatique.