Duel of the Fates

Quelle putain de force ce film...

J'attendais patiemment de pouvoir le revoir dans de bonnes conditions pour lui attribuer la note maximal qu'il me semble bien mériter tant tout est ici réuni, de la première à la dernière seconde, pour faire de cette oeuvre l'une des plus marquantes du genre, au panthéon fort élitiste du film de lames, aux glorieux côtés du déchaîné "The Blade", du touchant et engagé "Blade of Fury" ou de l'espiègle "L'Auberge du Dragon".

Dès les premières minutes, à l'annonce d'un duel à venir entre les arts chinois et japonais dans une palette flottante de teintes irisées au travers de légères ouvertures enlacées de doux papier, on sent qu'on va se prendre un putain de coup dans l'estomac, tant au niveau de la fureur jubilatoire des rixes d'une inventivité sans entrave que de l'histoire à venir, annonçant par une atmosphère distillée dans une harmonie sublime d'avide cruauté et de placide respect, la plus sadique et la plus belle des montées en tension.

Dès l'intro, la première attaque de ninjas t'explique clairement que tu n'avais pas vraiment vu de films bien pensés sur le sujet auparavant, rien qui n'exploitait vraiment ces ressources endormies, et que pour le coup, on va te montrer ce que c'est que ces guerriers de l'ombre aux pouvoirs flirtant avec le mystique, dans une débauche de plans d'une pagaille créative à la maîtrise éblouissante et euphorique. Ça saute dans tous les sens, disparaît, réapparaît, explose, frappe, s'envole, se tabasse dans les airs, de la lumière tamisée à l'ombre menaçante, et montre, dans toute la modestie d'une frénésie volcanique sans limite, le portail béant vers la suite du film, torrent encore calme avant la chute vertigineuse, belle et sanglante, sur des rochers déchiquetés.

Un conte sur le respect, l'honneur, les valeurs du duel, la dignité martiale, la trahison, la beauté tragique, l'amitié sadique... Tout un tas de trucs qui ont leur place dans bien des récits essorés sans originalité mais qui ici, dans cette valse enragée de nacre et d'écarlate, prennent une force rare vers un final d'anthologie, l'un des plus puissants du genre. Et au delà.

Mon top 10 le convoite fortement, mais il aurait bien du mal à se défaire de Blade of Fury tout d'même...