Cette histoire très récente (2021) de petits actionnaires qui ont fait trembler les plus gros, pour la plupart milliardaires de Wall Street ainsi que leurs fonds d’investissement, est clairement incroyable. Tellement d’ailleurs, autant par son aspect rare et improbable que par son côté David contre Goliath, qu’elle a donc forcément intéressé Hollywood. Cependant, ce type de fait divers convoquant les finances et la bourse n’est pas toujours très facile à porter au cinéma et à mettre en images de manière à la rendre à la fois instructive et intéressante. A ce niveau, « Dumb Money » réussit le challenge à moitié. On n’est pas dans une œuvre du type « The Big Short » d’Adam McKay, beaucoup trop incompréhensible malgré ses velléités de vulgarisation et bien trop bavard et étourdissant (dans le mauvais sens du terme). Mais on n’atteint pas non plus la maestria du magistral « Margin Call » de J.C. Chandor, probablement le meilleur thriller financier du septième art. Ici, on est dans un entre-deux : pas excellent ni renversant mais on passe néanmoins un bon moment.
On est un petit peu dans la même veine que « The Big Short » pour le côté verbeux mais en moins fatigant ou dans celle des immenses « The Social Netwok » et « Blackberry » pour la tonalité quelque peu sarcastique et incisive de l’ensemble, balloté entre suspense et quelques notes d’humour. Ici s’ajoute par ailleurs une charge bien sentie contre les puissances d’argent, les riches intouchables de ce monde et Wall Street. Elle est cinglante, radicale mais, on peut le dire, facile. Le casting est de haute volée mais seuls Paul Dano dans le rôle principal et Seth Rogen en vilain nanti puéril tirent vraiment leur épingle du jeu par un temps de présence à l’écran plus substantiel. Le reste de la distribution est confronté à l’aspect mosaïque de personnages du film et correspond plus à des vignettes censées faire comprendre tous les tenants et les aboutissants de cette affaire (Sebastien Stan, America Ferrara, ...). Certains protagonistes sont même complètement sacrifiés comme Shaileene Woodley en épouse du personnage principal qui n’a pas grand-chose à jouer.
« Dumb Money » se dote d’un rythme soutenu et d’un script qui explique assez bien les différentes facettes, causes et conséquences de cette incroyable affaire. Il n’empêche, mieux ne vaut pas trop tenter de comprendre en détail pour qui n’est pas expert en bourse car cela reste un domaine nébuleux pour qui n’est pas initié. On ne s’ennuie pas durant une bonne heure et demie et les résultantes de l’affaire comme l’impunité de certains sont bien expliquées, tout comme ils irritent. Il manque cependant un petit quelque chose pour faire de ce long-métrage du touche-à-tout Craig Gillepsie (« Moi, Tonya », « Une fiancée pas comme les autres », ...) un film cool et porte-étendard de toute une génération de petits porteurs et de geeks biaisés par ce scandale. Et également une réalisation plus racée et moins attendue qui prouverait que le cinéaste est plus qu’un bon raconteur d’histoires. Une œuvre originale et pleine d’énergie mais en demi-teinte en somme...
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