Finis les space-operas où les vaisseaux futuristes sont rois, où le blanc laboratoire et le gris acier tracent des intérieurs froids et sérieux. Ici vous aurez dans votre vaisseau le charmant intérieur boisé de votre chalet de Provence, ou encore le carrelage mosaïqué d’un hammam oriental ; ou bien même, pour pousser l’anticonformisme décoratif à son apogée et foutre Damido en rogne, un habitacle matelassé de cuir couleur marron chiasse. Charmant, je vous dis.
Adeptes des effets spéciaux vomitifs et d’esthétique qui a tout d’un trip sous acide, vous serez conquis. Que fait cette porte ornée d’inscriptions religieusement dorée en plein milieu de l'espace ? Pourquoi sont-ils coiffés au micro-ondes et fringués comme des clowns de mauvais goût ? Autant de questions que l’on refuse finalement à se poser puisque cet univers au gout de jus d’insecte galactique semble totalement assumé.
Une fois passé outre cet univers – charmant – vous pouvez essayer de rentrer dans sa dimension conflictuelle, car tout n’est pas rose, ça pustule, ça gesticule, tout ça pour du cumin. En effet, la myriade de principautés, de dynasties et de sociétés occupant l’espace en l’an dix mille et des brouettes convoitent l’épice se livrant une guerre sans merci sur fond de prophétie écolo-religieuse.
Je ne sais pas si c’est la narration qui fait défaut ou l’incrémentation de dialogues d’allumés illuminés exposant leurs délires intéressés avec des airs de cocaïnomanes en cure de désintox mais Dune n’est pas simple à suivre. Beaucoup de noms d’astres, d’hurluberlus de la galaxie plus ou moins importants dans la hiérarchie défilent dans notre cervelle qui s’efforce déjà de faire fi du compoté visuel que Lynch soumet à nos regards. Il aurait finalement fallu plus de temps pour comprendre et la version de plusieurs heures prévue par Jodorowsky prend tout son sens.
Parfois indigeste, difficilement intégralement compréhensible pour ma part, ça garde son charme, ça me rappelle qu’il y a des esprits tordus et que Lynch est rarement bon.