Ma première impression devant cette nouvelle adaptation de Dune a été largement positive.
Tout d’abord, et surtout, Dune est une bonne adaptation, ce qui, concernant un pavé comme l’œuvre de Frank Herbert, est déjà une belle performance.
Étant familière des livres, je ne suis pas en mesure de juger la capacité du film à introduire à cet univers complexe.
De mon côté, notamment, les éléments qui me semblaient particulièrement périlleux à adapter à l'écran, sont plutôt bien rendus : la voix des Bene Gesserit évite le kitsh et est même impressionnante, le travail sur les différents langages est franchement bien foutu. Ceux qui arrivent avec une liste des détails qu'ils voudraient voir restitués à l'écran cocheront pas mal de ligne.
L’esthétique générale, les décors, sont plutôt satisfaisants, peut être un peu lisse du côté des Atréides (souffrant de ce que j’ai envie d’appeler "l’esthétique Apple Store" de Denis Villeneuve). Ils sont plus réussis du côté du Baron Harkonnen, poisseux à souhait. Le film introduit avec finesse quelques jeux symboliques, comme ce motif du taureau, qui annonce sans être lourdingue le destin tragique de l'un des personnages.
Le film a le bon goût de nous épargner les mauvais réflexes développés dans les derniers blockbusters, à commencer par l’humour à deux balles des Marvels & Cie (malgré une ou deux blagues dans la première partie du film qui ne présageait rien de bon). Denis Villeneuve assume pleinement la dimension épique de son univers, et le traite comme un space opéra sans essayer de faire pardonner son sérieux par un second degré qui aurait été malvenu.
Si la musique est parfois un peu trop appuyée, le sound design est impeccable. Les acteurs sont quant à eux assez irréprochables, des premiers, aux seconds rôles. Timothée Chalamet, que la caméra ne quitte presque jamais parvient à tenir l'équilibre entre un jeune inexpérimenté et rebelle, et la dimension mythologique, voir mystique, de son personnage. Mention spéciale à Jason Monoa en Ducan Idhao, casting qui me laissait plutôt sceptique et qui donne pourtant l’un des meilleurs personnages du film. Pour finir le tour de piste de cette distribution de luxe, j'ai quand même une légère déception pour Rebecca Ferguson en Dame Jessica, impériale dans la première partie du film, mais qui perd beaucoup de sa superbe une fois que l’action se déplace dans le désert.
Une fois passées ces premières impressions, s’impose cependant de plus en plus un sentiment de déception. Assez simplement, je n’ai pas l’impression que beaucoup de scènes vont me rester en mémoire. En y réfléchissant, je n’en retiens pas une qui soit marquante plus que d’autre. J’ai en fait un problème avec le rythme du film. Alors certes, il est déjà long, mais je n’ai même pas vu passer ces deux heures vingt. Et c’est bien là le problème. Le film est mené au pas de course, avec un montage ultra cut, et un enchaînement de péripéties dans un espace temporel mal identifié - presque toute l’action donne l’impression de se dérouler en 24 heures -.
Un rythme que je serais tenté d’attribuer à l’envie de restituer le plus fidèlement la densité de l’ouvrage d’origine, en réduisant les simplifications et les omissions. Une intention qui, si elle en sert la lettre, paradoxalement, en affaiblie l’esprit.
Dans l’équilibre du film d’abord, ce film laisse assez peu l’occasion de digérer toutes les informations reçues. Certains des thèmes majeurs ne sont que mentionnés et peinent à s'imposer comme des motifs centraux de l'histoire, à commencer par toute la réflexion autour d’une écologie planétaire. Ces thématiques qui sont pourtant au cœur de ce qui rend l'univers de Dune aussi unique, sont noyées dans le flot de périphéries. Le film peine à prendre de la hauteur.
Résultat, une fois que j’avais compris sur quel événement du livre ce premier film allait se conclure, qu’il en me restait plus grand-chose de l’univers visuel construit par Villeneuve à découvrir, je n’étais pas loin de m'ennuyer. La froideur du récit et de sa mise en scène ne transmettant pas grande émotion, son rythme empêchant le développement des thématiques de son univers.
L’autre déception majeure concerne la place laissée au désert, qui, vous m’excuserez la formule éculée, est le véritable personnage central du film. Nos héros passent pourtant leur temps à le répéter : le désert d’Arrakis est sans pitié, il est écrasant, impose à toute forme de vie une loi impitoyable à laquelle on ne peut que se plier en espérant qu’elle nous épargne. Ce n’est jamais vraiment un ressenti à l'écran.
Le désert n'a rien d'impressionnant, il n'est jamais vraiment iconiser comme on aurait pu l'attendre. Il est même déjà bien peuplé. Dans la seconde partie du film, il ne se passe rarement plus d’une minute de film sans que Paul et Jessica, censés être livrés à eux-mêmes, ne rencontrent un amas rocheux, une navette… Sa spatialité est assez mal restituée -je serais bien incapable de donner une estimation de la distance parcourue par ces deux-là-, la faute, peut être, à une caméra qui reste presque en permanence à hauteur de ses personnages, et dans l’œil de laquelle ce désert apparaît en définitive assez peu menaçant.
À l’exception de ses vers de sables géants, on peine à en comprendre le danger, surtout quand tout le monde persiste à enlever masques et équipement à la moindre occasion, à deux doigts de se poser dans un coin pour bronzer aux rayons d'un soleil qu'on a pourtant décrit comme ’autre déception majeure concerne la place laissée au désert, qui, vous m’excuserez la formule éculée, est le véritable personnage central du film. Nos héros passent pourtant leur temps à le répéter : le désert d’Arrakis est sans pitié, il est écrasant, impose à toute forme de vie une loi impitoyable à laquelle on ne peut que se plier en espérant qu’elle nous épargne. Ce n’est jamais vraiment un ressenti à l'écran. Le désert n'a rien d'impressionnant, il n'est jamais vraiment iconiser comme on aurait pu l'attendre. Il est même déjà bien peuplé. Dans la seconde partie du film, il ne se passe rarement plus d’une minute de film sans que Paul et Jessica, censés être livrés à eux-mêmes, ne rencontrent un amas rocheux, une navette… Sa spatialité est assez mal restituée -je serais bien incapable de donner une estimation de la distance parcourue par ces deux-là-, la faute, peut être, à une caméra qui reste presque en permanence à hauteur de ses personnages, et dans l’œil de laquelle ce désert apparaît en définitive assez peu menaçant. À l’exception de ses vers de sables géants, on peine à en comprendre le danger, surtout quand tout le monde persiste à enlever masques et équipement à la moindre occasion, à deux doigts de se poser dans un coin pour bronzer aux rayons d'un soleil qu'on a pourtant décrit comme mortels.
Il manque cet horizon implacable, qui aurait donné un peu d'enjeu à l’odyssée de Paul et de sa mère, et permis de rendre compte du fameux "pouvoir du désert", ce savoir-faire fremen.
Ces déceptions sont peut-être surtout dues à mes attentes par rapport à un univers que je connaissais déjà. Il en reste que si j’ai globalement passé un très bon moment, je ne pense pas que je garderais un souvenir impérissable de ce film qui m’a surtout donné envie de relire les bouquins.