Dune est une oeuvre fondatrice de la SF moderne. Pourtant, c'est un assez mauvais roman (pour moi) : Herbert est incapable de décrire les individus autrement que par leurs ambitions, et fait à mon avis de son oeuvre un truc politique essentiellement par incapacité à raconter l'action.
Heureusement, Denis Villeneveuve arrive à prendre cette histoire pour en sortir quelque chose de correct : les personnages ont enfin des émotions, et le récit s'incarne ainsi réellement.
Par exemple, je n'avais (après trois lectures) jamais compris que Jessica ressentait une peur abjecte la plupart du temps, peur que l'actrice arrive enfin à montrer à l'écran, ce qui rend d'ailleurs la litanie contre la peur redondante (alors qu'elle était un élément clé pour comprendre les éléments angoissants du récit).
De la même manière, l'âpreté d'Arrakis (et le gigantisme des vers des sables) est enfin bien rendu, à la fois par des plans bien choisis, mais aussi par une mise en couleur particulièrement pertinente.
Si je devais regretter une chose (et pourtant j'apprécie la façon dont le réalisateur s'est emparé de l'oeuvre), ce serait cette impression d'images assez statiques, faisant de ce film une oeuvre très classique (pour un récit néo-féodal, ça paraît logique).