Villeneuve a compris la formule, a saisi le filon, s'est fondu dans le moule. Peu importe la tournure, les faits sont là : ce type est un sacré réalisateur de SF, sans doute le meilleur de ce début de siècle. Mis côte à côte avec Arrival, ce Dune 2 fait passer celui-là pour un film de jeunesse, un projet de fin d'études. Car il y a dans ce film un sentiment d'accomplissement, que repousse l'envie irrépressible de continuer à découvrir cet univers mystique et mystérieux, dévoilé par touches impressionnistes.
La matrice de l'histoire est celle vue et revue, mais habilement remaniée, de l'étranger qui s'intègre aux peuples locaux, fait sien ses revendications et ultimement les mène sur le front de la résistance. C'est la fable immémoriale du libre contre le non libre, de la foi contre l'impiété, de l'Elu versus le choisi qui se rejoue ici, avec la profondeur de la mythologie d'Herbert comme ligne d'horizon fantasmagorique.
Visuellement, auditivement, c'est époustouflant. De la cinématographie à l'état pur, une modernité innée, rarissime à observer dans un tel contexte. Point de noirceur, de pessimisme, de cynisme ; non, que de la clarté obscure, de l'espoir (terme honni par les "mères" du Bene Gesserit), du grandiose.
Villeneuve est un maître de l'épique, il sait ce que c'est que l'éclate : chevaucher un ver géant à travers le désert dans une débauche d'effets spéciaux ébouriffants, sans concession aucune, pour s'en retourner ensuite parler de domination spatiale et de complot galactique. La classe !