Avant de démarrer la rédaction de mon jugement de Dune: Part Two, je vous renvoie à ma critique du premier film : https://www.senscritique.com/film/dune/critique/259029784. Il y a trois ans, le premier film m'avait un peu laissé sur ma faim. J'avais justifié le vide scénaristique que je constatais dans ce dernier par le fait qu'il était le premier d'une saga annoncée, et que par conséquent il se devait bien de poser les bases de l'univers, quitte à ce que ce soit chiant (tout le monde ne s'appelle Le Seigneur des Anneaux). Je suis donc arrivé devant Dune: Part Two, avec l'idée que j'allais voir un peu moins de vide et un peu plus d'action. Et... bah non.
J'en ai pris plein la vue...
À l'instar du premier film, Dune: Part Two a le mérite d'en foutre plein les mirettes. Et non, ce n'était pas "gagné d'avance" avec 190 millions de dollars de budget, surtout quand on voit ce qu'a fait Argylle avec 200 millions ou Suicide Squad avec 175 millions. Bon, ce n'est pas une nouveauté que Denis Villeneuve sait faire des films beaux. Je n'ai pas relevé comme certains un abus de la teinte jaune côté photographie ; cela paraît adapté aux environnements et à l'ambiance qui y sont décrits. Pour le reste, la BO est bonne, c'est bien filmé et le mixage est bien foutu (bon faut quand même pas avoir les tympans sensibles pour pas repartir avec des acouphènes). J'insiste sur la qualité de la vidéographie, car le premier m'avait laissé le souvenir de quelques plans d'ensemble magnifiques ; on en retrouve dans le deuxième également.
...mais j'ai perdu deux heures
C'est là que je retire des points au film (comme pour le premier) : on peut le résumer en une heure. Oui, c'est bien de transmettre une atmosphère afin d'installer le spectateur au côté des personnages du film, mais c'est encore mieux quand ça apporte quelque chose à l'intrigue. L'impression de la construction du film que j'ai à chaud, c'est qu'il se passe tellement rien pendant une heure et demie que le script est obligé de tout rusher dans la dernière heure et on perd plein de développements potentiellement intéressants. Spoiler :
Je pense particulièrement à Feyd-Rautha, qu'on introduit comme le potentiel antagoniste principal au prophète Atreides, et qui se fait zigouiller par ce dernier en deux minutes chrono à la fin du film. Palmarès de Feyd ? J'ai tué le premier servant qui passait à ma portée dans chaque scène et j'ai mis enceinte Léa Seydoux. Sérieusement ?
Cela dit, l'atmosphère mystique que le film essaie de construire autour du personnage de Timothée Chalamet a le mérite d'être franchement innovante (jugement que je base sur ma culture cinématographique). Mais ça collerait beaucoup mieux si l'acteur était crédible. C'est un avis personnel, mais le personnage que joue Timothée Chalamet ne m'a pas intimidé à un seul moment ; ça la fout mal, pour celui qu'on veut ériger comme le messie :
Chaque fois qu'il gueule pour imposer une hiérarchie à ses interlocuteurs, sa voix grave et tonitruante vient du mixage audio. Didier Bourdon dans le sketch des Inconnus Jésus 2 : Le retour fait mieux.
Et de manière générale, l'action livrée par le film (car il y en a, et plus que dans le premier) manque un peu de contexte. Je ne suis pas contre l'idée de mettre une petite explosion par-ci par-là histoire de réveiller le spectateur, mais pas d'introduire quasiment chaque scène de combat avec ça. Un peu plus de développement, moins de monologues et un peu plus d'écriture côté personnages secondaires n'aurait vraiment pas fait de mal.
Conclusion
Alors, que conclure ? Le film est bien. Et il vaut qu'on paye sa place de cinéma. Maintenant, je trouve qu'il a trop de défauts pour le dresser comme la suite que tout le monde attendait de Dune : Part One. J'en attends beaucoup plus troisième opus, qui devrait sortir (si on a de la chance) avant 2030.